Shein, le géant du commerce en ligne spécialisé dans ce que l’on appelle l’ultra fast-fashion, la mode ultra-éphémère, est accusé de pollution environnementale, de conditions de travail et sociales indignes, et de concurrence déloyale. Or, le célèbre grand magasin BHV, situé dans le quartier du Marais, en plein cœur du Paris touristique, s'est engagé à l'accueillir à partir du mois de novembre mais commence à compter les points et il y en a de moins en moins en sa faveur. Jusqu’au gouvernement puisque le nouveau ministre des PME et du Commerce, Serge Papin, fait pression lui aussi.
Le parc d’attractions de Marne-la-Vallée devait installer au BHV, du 4 novembre au 31 décembre, une boutique et des vitrines à l’occasion des fêtes de fin d’année, temps fort pour les grands magasins. Mais Disneyland affirme aujourd’hui que "les conditions ne sont plus réunies pour déployer sereinement les animations de Noël". L’intersyndicale du Bazar de l’Hôtel de Ville y voit "un coup de massue", estimant que la fin de l’année était déjà "flinguée".
Des défections en cascades
ll faut dire que le BHV enregistre une cascade de défections depuis début octobre et l'annonce de l’arrivée de Shein en ses murs. Le géant asiatique doit ouvrir à partir de novembre six magasins physiques pérennes en France dont un au sixième étage du Bazar de l’Hôtel de Ville et les autres dans des Galeries Lafayette en région. Seulement voilà, la société foncière SGM, qui gère le BHV et sept Galeries Lafayette, fait l’objet d’un tir de barrage de marques comme Lejaby, le Slip Français, Culture Vintage, Caroll et Morgan qui ont déjà quitté le navire.
Le BHV qui est aussi lâché par ses partenaires financiers. Il y a deux semaines, la Banque des territoires, filiale de la puissante Caisse des dépôts et consignations, le bras financier de l’État, s’est retirée des négociations en cours avec le gérant du BHV pour l’aider à racheter les murs du magasin qui ne lui appartiennent pas. "Rupture de confiance", invoque la Banque des territoires qui se désengage d’une opération évaluée à quelque 400 millions d’euros. Le BHV est exclu également par l’Union du grand commerce de centre-ville (l’UCV). La tension est à son comble pour le gérant du BHV qui va devoir colmater les brèches et oublier la désaffection des enseignes qui font sa force de frappe commerciale.