Israël décide d’intensifier ses frappes sur l’Iran

Une semaine après le début de son offensive contre l’Iran, Israël a promis « d’intensifier » ses opérations. « Le lâche dictateur iranien tire délibérément sur des hôpitaux et des immeubles résidentiels en Israël. Ce sont là des crimes de guerre parmi les plus graves, et Khamenei devra répondre de ses crimes », a déclaré le ministre de la Défense, Israël Katz, jeudi, après le bombardement qui a touché l’hôpital Soroka de Beersheva. L’Iran a démenti avoir ciblé délibérément cet établissement où sont soignés des soldats israéliens blessés à Gaza. « La cible principale de l’attaque était la base de commandement et de renseignement de l’armée israélienne et le camp de renseignement de l’armée dans le parc technologique de Gav-Yam, situé à proximité de l’hôpital Soroka », a affirmé Téhéran. Mais, décidé à remporter aussi la bataille des récits, l’armée israélienne a ensuite rapidement diffusé des images des destructions à l’hôpital.

Si l’Iran est groggy, elle n’est pas à genoux

Une source militaire bien informée

Alors que la conformité au droit international de l’opération israélienne est débattue, l’État hébreu voudrait gagner la bataille de la légitimité. « L’Iran est un régime terroriste », a déclaré un porte-parole de Tsahal depuis le site de Soroka avant d’ajouter : « Nous ferons tout ce qu’il faut pour démanteler cette menace. » Les militaires occidentaux, quant à eux, s’inquiètent : « Netanyahou a fixé des objectifs très ambitieux » à l’opération Rising Lion, observe une source militaire bien informée. « Mais si l’Iran est groggy, elle n’est pas à genoux », ajoute-t-on en s’inquiétant d’une escalade dangereuse, de la part d’Israël ou de Téhéran.

Engrenage militaire

Jeudi, l’engrenage militaire enclenché par l’État hébreu la semaine dernière se poursuivait. Même si les défenses antimissiles israéliennes ne sont pas infaillibles, le bilan des attaques iraniennes est limité. Depuis le 13 juin, l’Iran « a tiré environ 450 missiles balistiques » sur Israël, dont vingt ont touché des zones civiles, et « des centaines de drones », a expliqué un responsable militaire israélien. De son côté, l’armée israélienne a poursuivi jeudi ses raids contre les sites de lancement de missiles iraniens. « Ces derniers jours, l’armée a identifié plusieurs tentatives iraniennes de réhabiliter des lanceurs et des sites de stockage », a expliqué Tsahal en assurant que les équipements avaient été une nouvelle fois détruits. « Les Israéliens veulent la sécurité, pas la paix », estime une source militaire occidentale.

Nous tenons à mettre en garde Washington contre toute intervention militaire, ce qui constituerait une mesure extrêmement dangereuse avec des conséquences négatives réellement imprévisibles

Le Kremlin

Coûte que coûte, Israël veut mettre à terre le programme nucléaire iranien. Jeudi, l’armée de l’air a ciblé un « réacteur nucléaire inachevé » à Arak et un site nucléaire à Natanz. L’agence internationale pour l’énergie atomique a assuré ne pas avoir détecté de signes de radioactivité après les frappes. Pour justifier sa cible, l’armée israélienne a accusé l’Iran de ne pas avoir respecté ses engagements vis-à-vis du site d’Arak, qui aurait dû être rendu incompatible avec la production d’armes nucléaires. « La frappe a ciblé la composante dédiée à la production de plutonium, afin d’empêcher que le réacteur puisse être restauré et utilisé pour le développement d’armes nucléaires », a expliqué Tsahal. Sur le site proche de Natanz, l’Iran est accusée d’avoir stocké des éléments qui auraient permis « d’accélérer » le programme nucléaire.

Tsahal veut démontrer qu’elle ira au bout de son opération de démantèlement de l’arsenal adverse. Israël voulait aussi sans doute convaincre les États-Unis de le suivre. « Nous tenons à mettre en garde Washington contre toute intervention militaire, ce qui constituerait une mesure extrêmement dangereuse avec des conséquences négatives réellement imprévisibles », a mis en garde le Kremlin, qui poursuit sa guerre en Ukraine. La Chine a joint sa voix à la dénonciation : « La priorité est de promouvoir le cessez-le-feu et l’arrêt des hostilités. La force n’est pas la bonne manière de résoudre les différends internationaux », a déclaré le président chinois Xi Jinping, beaucoup moins explicite sur la guerre en Ukraine.

En attendant la décision de Donald Trump d’impliquer ou non les États-Unis, toutes les capitales se préparaient au pire. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a exhorté les Français vivant en Iran à quitter le pays via l’Arménie ou la Turquie. Il a appelé ceux résidant en Israël à la prudence. D’autres pays européens ont commencé à évacuer leurs ressortissants. Les États-Unis ont dit travailler sur des vols d’évacuation. La Chine a elle aussi pris des dispositions en évacuant 1600 ressortissants d’Iran et plusieurs centaines d’Israël. L’Inde a mis sur pied une opération, baptisée Sindhu, pour évacuer ceux qui le souhaitent parmi ses 10.000 ressortissants résidant en Iran.