TÉMOIGNAGES. "On est vraiment heureux" : en France, les réfugiés syriens suivent de près la situation et espèrent pouvoir rentrer chez eux
En quelques jours, les rebelles de Syrie, menés par une coalition de groupes islamistes ont conquis Alep, Hama puis Homs, après le retrait des troupes du régime de Bachar al-Assad. Dimanche 8 décembre, ils ont annoncé être entrés dans la capitale Damas faisant fuir, selon eux, le président Bachar al-Assad et mettant fin à cinq décennies de règne du parti Baas.
Cette situation est suivie avec attention par les Syriens réfugiés en France. Dans le restaurant parisien Le daily syrien, Alani, le cuisinier, range le comptoir et plie les serviettes, entre deux coups d'œil sur l'écran de son téléphone. Il suit ainsi la progression des rebelles en Syrie. "On est vraiment heureux", confie le réfugié. Lui qui vit en France depuis cinq ans, assure être parti à cause du régime de Bachar al-Assad. Alors il n’éprouve qu'une envie, retourner dans son pays natal : "Je veux voir ma famille, mes cousins, mas amis... Ils sont tous là-bas, en Syrie."
Hassan nourrit également l'espoir de pouvoir rentrer chez lui. Patron du restaurant Shawarma lovers, il a fui la dictature de Bachar al-Assad il y a douze ans. "Jusqu'à maintenant, je n'ai toujours pas vu ma mère, se désole-t-il. J'ai laissé aussi ma petite sœur, elle est mariée maintenant. J'aimerais bien voir comment elle est, ma petite princesse." C'est pourquoi, tous les jours, il regarde les vols en attendant son visa. "Je ne peux pas entrer en Jordanie, j'ai besoin d'un visa parce que j'ai un titre de voyage en France", explique Hassan.
"Après quatorze ans, on a gagné"
D'autres comme Suleyman, le serveur, se disent qu'il faudra encore attendre, peut-être plusieurs semaines. "Je pense que la situation ne sera pas directement stable en Syrie", lâche-t-il. Malgré tout, il a déjà l'impression de revivre. "On est heureux de voir qu'après quatorze ans on a gagné, explique Suleyman, la voix tremblante d'émotion. Tous les morts, les bombardements, la guerre, ce n'était pas pour rien."
"On a eu notre liberté, on a fait chuter ce régime."
SuleymanServeur dans un restaurant syrien de Paris
Suleyman, qui imagine déjà une Syrie sans Bachar al-Assad. Son seul souhait désormais : "Vivre en paix avec tous nos voisins. J'espère que tout le monde et surtout l'Union européenne, vont rester avec nous et nous aider à reconstruire notre pays." Une Syrie qu'il rêve de voir devenir une démocratie pour honorer, dit-il, les centaines de milliers de Syriens qui sont morts en son nom.