Donald Trump a-t-il vraiment mis fin à six guerres ?

Donald Trump a de nouveau affirmé, lundi 18 août, avoir mis fin à "six guerres". Dans un message posté sur son réseau Truth Social juste avant une réunion à la Maison Blanche avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et sept dirigeants européens, visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, le président américain a voulu faire taire les critiques. 

"Nous venons de mettre fin en 12 jours à une guerre qui couvait depuis 30 ans", a déclaré Trump lors d'une réunion de l'Otan fin juin. Quelques jours auparavant, Israël avait lancé une attaque surprise contre le territoire iranien. L'Amérique avait alors bombardé l'Iran, puis négocié un cessez-le-feu entre Téhéran et Israël.

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Mais aucun texte n'engage les belligérants à ne pas reprendre les hostilités. Israël s'est réservé le droit de frapper à nouveau l'Iran. La république islamique a, de son côté, averti, lundi, qu'une nouvelle guerre avec l'État hébreu pourrait éclater "à tout moment".

  • Inde et Pakistan : "J'ai réglé les choses"

"Ils se battent depuis environ mille ans", affirmait le président américain en avril 2025, "mais j'ai réglé les choses". Une référence aux derniers affrontements meurtriers entre l'Inde et le Pakistan, fin avril, à la suite des attaques commises en représailles à un attentat perpétré au Cachemire indien.

Trump a annoncé un cessez-le-feu le 10 mai, conditionnant la fin des combats à des enjeux commerciaux avec les deux belligérants, portant notamment sur les droits de douane. Mais le nœud du conflit reste intact : les revendications sur la région disputée du Cachemire.

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  • Arménie et Azerbaïdjan, deux "amis pour longtemps" ?

Donald Trump a annoncé que l'Arménie et l'Azerbaïdjan s'étaient engagés à être "amis pour longtemps" lors d'une cérémonie à la Maison Blanche le 8 août 2025. Les dirigeants arménien et azerbaïdjanais ont signé une déclaration commune annonçant la fin définitive du conflit entre leurs deux pays.

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Les deux voisins se sont affrontés depuis la fin des années 1980, notamment en 2023 avec la prise du Haut-Karabagh par l'Azerbaïdjan. L'accord prévoit une route de transit baptisée "la voie de Trump pour la paix et la prospérité internationales", qualifiée de "vrai accomplissement" par Politico.

  •  République Démocratique du Congo et Rwanda : un accord "historique" ?

Sur notre antenne, Massad Boulos, conseiller spécial de Donald Trump pour l'Afrique, a qualifié "d'historique" l'accord de paix conclu le 27 juin entre le Rwanda et la RD Congo. "Nous venons de terminer une guerre qui durait depuis 30 ans avec six millions de morts. Aucun autre président n'aurait pu le faire", avait déclaré Trump.

Mais "quelle est sa crédibilité ?" s'interrogeait Thierry Vircoulon, chercheur à l'Ifri, dans une précédente interview pour France 24. "Kigali et Kinshasa ont l'habitude de signer des accords de mauvaise foi, puis de ne pas les mettre en œuvre".

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Autre faiblesse : le M23, soutenu par le Rwanda, n'a pas signé l'accord. Sur le terrain, l'armée congolaise et le groupe rebelle se sont mutuellement accusés de violer l’accord alors que les combats ont repris au Sud-Kivu.

  • Cambodge et Thaïlande : cessez-le-feu sous pression commerciale

Le 28 juillet, les deux pays ont accepté un cessez-le-feu après cinq jours d'affrontements (plusieurs dizaines de morts, 300 000 déplacés). 

Recourant à un "classique" de sa diplomatie, Donald Trump avait menacé de priver les belligérants d’accords commerciaux. 

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Mais le texte n'aborde pas la question des temples hindous millénaires disputés à la frontière. Ce qui n'a pas empêché le Premier ministre cambodgien d'annoncer qu'il proposerait la candidature du milliardaire au Nobel de la paix.

  •  Égypte et Éthiopie : ni accord ni guerre (premier mandat)

La Maison Blanche affirme que le conflit autour du Grand Barrage de la Renaissance, chantier titanesque lancé par le gouvernement éthiopien, constitue "une guerre que Trump avait résolue". 

L'édifice, qui doit être inauguré en septembre, attisait de fortes tensions avec l'Égypte depuis son lancement en 2011. L'approvisionnement en eau de l'Égypte dépend du Nil à 97 %. Le spectre d'un affrontement entre les deux pays ne s'est toutefois pas concrétisé. 

Les États-Unis avaient cependant essayé de décrocher un accord lors du premier mandat de Trump, en 2019 et 2020. L'objectif était de trouver des "mécanismes" pour "atténuer" les effets du remplissage du réservoir du barrage sur l'approvisionnement en eau de l'Égypte, ainsi que du Soudan. Marquées par le retrait de l'Éthiopie, les initiatives américaines n'ont pu aboutir. 

De retour aux affaires, Donald Trump a déclaré – dans une publication sur Truth Social le 15 juin – qu'il était déterminé à instaurer la paix entre l'Égypte et l'Éthiopie. Aucune avancée significative n'a pourtant été réalisée sur le dossier en cet été 2025.