« Soumission chimique : pour que la honte change de camp » : sur France 2, un documentaire choc sur l’arme des violeurs
La soumission chimique, l’arme des violeurs, a enfin été dévoilée au grand jour cet automne 2024 avec le procès des viols de Mazan, où Dominique Pelicot a été jugé avec ses 50 complices pour avoir drogué, violé et fait violer son ex-épouse, Gisèle Pelicot, pendant dix ans. Leur fille Caroline Darian – qui accuse également son père de l’avoir droguée et abusée – se tient au côté de six autres victimes dans ce documentaire. La diversité des témoignages ne laisse aucun doute : ce fléau est systémique.
Face à un sol recouvert d’articles imprimés et titrés par les mots « drogué » et « viol », Caroline Darian déclare : « Jusque-là, personne n’avait eu l’idée de relier ces « faits divers ». Et le terme « soumission chimique » n’était pas répandu dans l’opinion. » La sémantique a pourtant son importance : Renald se souvient d’un « corps de coton » face à son agresseur tandis que Léa, violée par deux militaires, parle, elle, de « coups dans le vide ».
Tous deux ont été drogués en acceptant un verre, comme Zoé, un soir de la Fête de la musique. Elle ne se souvient de rien, à l’instar d’une victime sur deux de soumission chimique. « Pendant longtemps, j’ai pensé que c’était mieux ainsi. Mais ne pas savoir laisse une énorme place à l’interprétation. »
« Qu’est-ce qui a fait qu’on ne m’a pas crue ? »
Son témoignage se croise avec celui de Céline, violée par son ex-patron : « Il sera à jamais le seul à savoir ce qu’il s’est passé ces huit heures-là, alors que c’est pourtant mon histoire. » Pour Lilwenn, ce sont ses cheveux qui ont servi de révélateur. Après un prélèvement, l’adolescente de 16 ans a découvert que son père la droguait depuis ses 9 ans. « Lorsque les dosages explosent, ça correspond aux vacances scolaires », livre aujourd’hui sa mère devant les résultats des analyses.
Le documentaire prend comme fil rouge le procès des viols de Mazan. Si ce dernier a été très médiatisé, c’est en partie pour les preuves implacables – photos et vidéos – des actes reprochés aux 50 agresseurs. Mais souvent, dans les affaires de violences sexuelles, les preuves manquent et la justice ne condamne pas. C’est l’histoire de Katia, violée par un banquier, aujourd’hui libre et acquitté. « J’ai eu la sensation d’une justice expéditive. Qu’est-ce qui a fait qu’on ne m’a pas crue ? »
Parce que la soumission chimique est un réel fléau, ce documentaire est une véritable arme pour sensibiliser. Malgré une mise en scène parfois inutilement dramatique – qui tend à donner une couleur fictionnelle à des propos tristement réels –, il reste remarquable.
Soumission chimique : pour que la honte change de camp, France 2, 21 h 10, mardi 21 janvier 2025.
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