Ce samedi 8 février, le Hamas a remis trois otages israéliens à la Croix-Rouge internationale dans le centre de la bande de Gaza en échange de 183 prisonniers palestiniens que détenait Israël. Très affaiblis, Eli Sharabi, Or Levy et Ohad Ben Ami ont été rapatriés en Israël. Depuis les images de leurs physionomies, dégradées par leur captivité «inhumaine» dans les tunnels du groupe terroriste à Gaza, ont fait le tour du monde.
L’ambassade de France en Israël a mentionné des images «choquantes et inacceptables». Le groupe des familles d’otages a comparé leur apparence à celle des survivants des camps de concentration nazis en 1945, le «chapitre le plus sombre de notre histoire». Le président israélien, Isaac Herzog, a dénoncé un «crime contre l’humanité». Le Comité international de la Croix-Rouge a fait part de son inquiétude croissante et demandé « à toutes les parties prenantes d’assurer des libérations futures de façon digne et privée». À l’heure où ces lignes sont écrites, le Hamas détient toujours 74 otages israéliens.
Eli Sharabi, 52 ans, «des jours sans manger»
Il y a seize mois, Eli Sharabi, 52 ans, vivait au kibboutz Beeri. Dans cette communauté de 400 habitations, située à cinq kilomètres de la bande de Gaza, il travaillait dans l’imprimerie où sont fabriqués les permis de conduire, chèques et autres factures d’Israël. Le 7 octobre 2023, les hordes du Hamas ont assassiné 10% de la population du village, 130 personnes en tout, en ont capturé d’autres. Eli Sharabi a été emmené.
Jusqu’à ce samedi 8 février, il ignorait le sort réservé à sa famille. Dans la mise en scène lugubre orchestrée par le Hamas samedi, durant laquelle les otages se voient remettre des «certificats de décision de libération», il s’est dit, encadré par deux terroristes, «très très heureux» de revoir sa femme et ses filles âgées de 13 et 16 ans. Une fois en Israël, le quinquagénaire a appris que Lianne, Noiya et Yahel faisaient partie des victimes du 7 octobre. Leur maison a été incendiée, elles ont brûlé avec. «Il a poussé un cri et répété “mon cœur n’est plus entier”», a rapporté sa famille. Durant sa captivité, Eli Sharabi avait déjà appris par le Hamas la mort de son frère, Yossi.
Très affaibli, l’homme a rapporté quelques détails sur les conditions de sa séquestration dans la bande de Gaza. Toujours selon sa famille, «il a parlé d’une privation de nourriture extrême. Des jours entiers sans manger. Parfois l’un recevait de la nourriture et l’autre non - ils (les terroristes du Hamas, ndlr) les forçaient à décider qui mangerait. Des conditions inhumaines.»
Or Levy, 34 ans, «une captivité pieds nus»
Le 7 octobre, Or Levy et sa femme Einav, 32 ans tous les deux, assistaient au festival de musique Tribe of Nova dans le désert du Néguev. Selon le Times of Israël, le couple était arrivé sur place juste avant l’attaque du Hamas. Lorsque les premières roquettes sont tombées, Or et Einav ont couru vers leur voiture puis, constatant qu’ils ne s’en tireraient pas de cette façon, dans un miklat, un abri antiatomique déjà bondé et situé en bord de route. Ils avaient parlé une dernière fois à leur famille à 7h39 du matin.
Samedi 8 février, Or Levy a retrouvé leur fils Almog, désormais âgé de trois ans. Einav, elle, est morte le 7 octobre. Or l’a appris samedi. «Il s’en doutait, il posait des questions, et nous lui avons dit», a révélé sa mère. Selon la chaîne d’information N12 Or a passé sa captivité à Gaza enfermé dans les tunnels du groupe terroriste. D’après nos confrères, «il ne prenait une douche que tous les deux mois et il est resté pieds nus» tout le temps de la captivité.
Ohad Ben Ami, 56 ans, «en détresse nutritionnelle»
Samedi l’otage israélo-allemand Ohad Ben Ami est revenu sur le sol hébreu dans un état «de détresse nutritionnelle», a averti l’hôpital dans lequel il a été admis. Cet homme était comptable dans le kibboutz de Beeri, là où vivait aussi Eli Sharabi, quand il a été enlevé le 7 octobre. Sa femme Raz était à ses côtés. Libérée lors du premier accord de cessez-le-feu en novembre 2023, elle attendait de retrouver son mari. Quand Ella Ben Ami, l’une des filles du couple, a vu son père à la télévision (lors du cérémonial organisé par le Hamas dans la bande de Gaza), elle a confié l’avoir «à peine reconnu». Avant d’ajouter, avec optimisme : «je suis sûre que nous dépasserons cela rapidement !»