Regain de tension sur le «spread», la France emprunte à 3,2% à 10 ans

La nomination du gouvernement n’aura pas eu d’effet particulièrement apaisant pour les marchés. Ce vendredi, en fin de matinée, le rendement des emprunts de l’État français à 10 ans ressortait à plus de 3,2% tandis que son équivalent allemand - le taux européen de référence - tournait autour de 2,38%. L’écart, appelé «spread», a ainsi légèrement dépassé les 0,81 point de pourcentage, soit le même niveau que fin juin, atteint en réaction à la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Cet évènement politique surprise avait presque fait doubler les taux d’emprunt de la France qui stagnaient entre 0,4 et 0,5 point de pourcentage au premier semestre 2024. 

Dérapage

Le «spread» s’approche ainsi de son sommet pour l’année 2024 à 0,87 point de pourcentage, atteint début décembre alors que la censure (votée le 4 décembre) était devenue inévitable. Cet écart de taux constitue un indicateur de choix pour mesurer la confiance accordée à la France face à l’Allemagne et à ses perspectives économiques. «Nous allons avoir le droit à une grande volatilité dans les mois qui viennent en attendant la mise en place des nouveaux programmes du gouvernement Bayrou et la dissolution de juin prochain, dont personne ne doute qu’elle aura lieu malgré les affirmations d’Emmanuel Macron», analyse John Plassard, spécialiste de l’investissement pour la banque Mirabaud. Surtout, les marchés ne voient pas «comment la France pourra réduire son déficit en 2025 dans le contexte politique actuel», ajoute-t-il. 

Le déficit public français est en effet en net dérapage. Il est attendu cette année à 6,1% du produit intérieur brut (PIB) selon le gouvernement et 6,2% selon Bruxelles qui a mis Paris sous procédure de déficit excessif. François Bayrou a évoqué une cible autour de 5% (que visait Michel Barnier), sans plus de précision, à plus de deux semaines de son discours de politique générale. Ainsi, la France affiche la pire performance des Vingt-Sept à l’exception de la Roumanie, et reste très loin du plafond de 3% autorisé par les règles de l’UE.