REPORTAGE. "Cette trêve, on l'espère mais on n'y croit plus" : les Ukrainiens, sous le feu des bombes russes, doutent de l'avenir

Après la mort de 19 habitants de la ville de Krivyi Rir vendredi 4 avril, dont neuf enfants, et le décès d'une personne dans la capitale deux jours plus tard, tuée par un tir de missile balistique, trois autres ont été blessées. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky dénonce l'intensification des frappes ces derniers jours et réclame plus de pression internationale sur Moscou. A Kiev, la population subit à nouveau les alertes, alors que l'espoir d'une trêve s'éloigne.

Emmitouflée dans sa polaire bleue, Oxana ne peut que constater les dégâts. "Vous voyez, c'est là que le missile est tombé… Là-bas, ça brûle encore, c'est tombé sur le bâtiment voisin", explique la gérante d'un centre d'affaires. Une fumée grise s'élève, à l'arrière de l'immeuble trois étages sur cinq sont effondrés. "Bien sûr ça peut arriver n'importe où, n'importe quand. C'est humain d'avoir peur, mais il faut continuer à vivre", poursuit-elle.

Parmi les bureaux ravagés, ceux de la chaîne de télévision publique Freedom, déjà touchée par une frappe le 12 février.

"Là-bas, on occupait un autre bâtiment. Il y a eu la première frappe. On a déménagé ici, et là, notre studio est complètement ravagé.

Iulia Been, la directrice de la chaîne de télévision Freedom

"Heureusement on a diversifié nos capacités de production depuis le début de la guerre et on peut continuer à travailler. Donc ils ne vont pas nous arrêter", explique Iulia Been. Pas de victime cette fois-ci, Arsenti Dovral, chef d'une brigade de secouristes, peut souffler. "Vous savez quand on sort des décombres des femmes enceintes, des enfants, c'est très dur. Mais ce que les Russes font, ça ne nous étonne plus", raconte-t-il.

Les habitants de Kiev seraient étonnés par un accord de cessez-le-feu. "Cette trêve, on l'espère mais on n'y croit plus", conclut Oxana, résumant ainsi l'état d'esprit de ses concitoyens.