À quelques semaines du lancement officiel du «conclave» sur les retraites promis par François Bayrou, une nouvelle piste de réforme a été avancée dans le débat mercredi soir par Valérie Pécresse. À l’occasion d’un colloque de son parti Libres ! à la Maison de la chimie, à Paris, la présidente (LR) de la région Île-de-France a égrené 17 propositions pour «libérer l’économie française». Sur le volet retraites, l’ex-candidate à la présidentielle a émis l’idée d’indexer l’âge de départ sur l’espérance de vie. Un coup de pied dans la fourmilière visant également à apporter de l’air frais aux caisses des pouvoirs publiques.
Dans l’idée de Valérie Pécresse, seule l’espérance de vie globale serait prise en compte, sans différence entre les hommes et les femmes. «Car l’espérance de vie augmente dans tous les cas», justifie-t-elle au Figaro, même si l’ex-ministre juge qu’ «il y a un sujet sur la carrière des femmes». D’après la présidente de la région Île-de-France, le principe serait simple : il suffirait de voter une seule loi, qui stipulerait que «si l’espérance de vie gagne un an, alors nous devons travailler deux mois ou trois mois de plus, il faudra se mettre d’accord. L’indexation serait automatique», développe-t-elle, soulignant qu’«on le fait déjà avec le Smic», indexé sur l’inflation. Et pourquoi ne pas prendre comme indicateur l’espérance de vie en bonne santé - qui progresse elle aussi ? La présidente de région n’écarte pas complètement cette piste, même si elle note que «la retraite, on la touche même lorsque l’on n’est pas en bonne santé». Tout en soulignant que «la pénibilité des métiers est un sujet différent».
Cette piste est également une manière pour l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy de justifier une augmentation de l’âge de départ à la retraite. Reprenant par là un argument largement entendu lors des débats sur la dernière réforme des retraites en 2023, qui a repoussé l’âge de 62 à 64 ans : puisque l’on vit plus vieux, il serait normal de travailler plus longtemps. À titre d’illustration, en 2024, l’espérance de vie à la naissance s’élève à 85,6 ans pour les femmes et 80 ans pour les hommes, selon l’Insee. Depuis 2000, elle a progressé de quasiment 3 ans chez les femmes et de près de 5 ans chez les hommes.
« La démographie doit primer, pas la politique politicienne ».
Valérie Pécresse.
«Il faut arrêter de faire de la politique avec une réalité purement démographique», estime Valérie Pécresse. L’élue estime que cette piste pourrait participer à «sauver notre régime de retraite par répartition et garantir sa pérennité». «La démographie doit primer, pas la politique politicienne», martèle-t-elle. Valérie Pécresse défend une mesure qui permettrait «d’apporter de la sérénité au pays», et d’éviter de «revivre tous les quatre ans le même psychodrame qui agite tout le pays, qui s’écharpe sur l’âge de départ à la retraite».
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Une règle qui existe déjà au sein de plusieurs pays
La proposition de Valérie Pécresse n’est pas neuve. Dans un avis rendu en juillet 2024, le Comité de suivi des retraites (CSR), un organe composé d’experts et placé auprès du premier ministre, avait recommandé de «remettre en débat cette piste d’une indexation de l’âge de liquidation sur l’espérance de vie constatée», déjà évoquée dans un rapport des économistes Olivier Blanchard et Jean Tirole en 2021, «en remplacement des mesures discrétionnaires des réformes passées et des alternances de stop and go auquel elles ont conduit».
L’instance soulignait avoir déjà fait une telle suggestion dans son avis de 2023, ajoutant qu’il s’agissait d’«une règle de pilotage qu’on retrouve dans plusieurs systèmes étrangers». Un argument également brandi par Valérie Pécresse. «Il y a des pays qui ont mis en place ce système, et cela apaise le climat social», assure-t-elle. Un rapport réalisé en 2023 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), composé de 38 pays parmi les plus développés économiquement du globe, rapportait qu’«un pays de l’OCDE sur quatre indexe désormais l’âge de la retraite sur l’espérance de vie, notamment le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la Grèce, l’Italie, les Pays-Bas et le Portugal».