Bolsonaro dément les accusations de tentatives de coup d'Etat
L'ex-président Brésilien, Jair Bolsonaro, est entendu devant la Cour suprême sur sa tentative présumée de coup d'Etat en 2022. Il dément toutes ces accusations et clame son innocence face aux juges.
L'ancien dirigeant d'extrême droite nie en bloc pendant un interrogatoire de plus de deux heures. "La possibilité d'un coup d'Etat n'a jamais été envisagée (...) Un coup d'Etat, c'est une chose abominable", déclare-t-il.
Jair Bolsonaro, est accusé d'être le "leader d'une organisation criminelle" ayant conspiré pour son maintien au pouvoir quel que soit le résultat de l'élection présidentielle d'octobre 2022, finalement remportée par le président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Selon le parquet, le projet de coup d'Etat présumé n'a pas abouti faute de soutien du haut commandement militaire.
L'ancien président se dit victime de "persécution politique" pour l'empêcher de se présenter à la présidentielle de l'an prochain. Pour rappel, Bolsonaro est inéligible jusqu'en 2030 et interdit de quitter le territoire brésilien.
Des propos discordants
Vêtu d'un costume sombre, Jair Bolsonaro a répondu aux questions assis sur une table, accompagné de deux avocats, en face du juge Alexandre de Moraes, qui mène les interrogatoires.
Ce magistrat à la fois puissant et controversé a été qualifié à plusieurs reprises de "dictateur" par l'ex-président. "C'est un moment assez désagréable pour moi de me retrouver devant Votre Excellence", a admis Bolsonaro.
Selon le parquet, le plan putschiste prévoyait jusqu'à l'assassinat d'autorités, dont Lula et le juge Moraes, "avec le consentement" de l'ancien chef de l'Etat. Une version réfutée catégoriquement par ce dernier "Non, à aucun moment on ne m'a proposé une telle chose, et si cela avait été le cas, j'aurais refusé et j'aurais pris des mesures immédiates", a-t-il affirmé.
Jair Bolsonaro a également nié avec force avoir pris part à l'élaboration d'un projet de décret prévoyant l'instauration d'un "état de siège" et la convocation de nouvelles élections après sa défaite face à Lula. "Je ne suis jamais sorti du cadre de la Constitution", a argumenté l'ex-président, brandissant un exemplaire de la Constitution brésilienne de 1988.

Il a ainsi contredit la version d'un de ses coaccusés, son ex-chef de camp, Mauro Cid, considéré comme un traître par les bolsonaristes pour avoir noué un accord de collaboration avec les autorités dans l'espoir d'une remise de peine.
Selon lui, Bolsonaro a "reçu, lu" puis "retouché" ce document. L'ex-président, quant-à-lui affirme que "Nous n'avions pas la moindre base solide pour faire quoi que ce soit". "Nous avons juste eu des conversations informelles pour voir s'il existait une hypothèse de dispositif constitutionnel" a-t-il ajouté.
L'avocat de Jair Bolsonaro, Celso Vilardi, avait souligné lundi des "contradictions" dans les propos de M. Cid, estimant qu'il avait la "mémoire sélective".
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"Le brouillon du coup d'État"
Mardi matin, avant l'interrogatoire de l'ex-président, l'amiral Almir Garnier, ancien commandant de la Marine, a pour sa part affirmé face aux magistrats n'avoir "vu aucun document" prévoyant l'état de siège ou la convocation de nouvelles élections.

Accusé d'avoir déclaré que ses troupes seraient "à la disposition du président" lors d'une réunion traitant des projets putchistes, l'amiral a affirmé n'avoir "jamais utilisé cette expression".
Entendu par la suite, l'ancien ministre de la Justice du gouvernement Bolsonaro, Anderson Torres, comparaissait muni d'un bracelet électronique, qu'il porte depuis sa libération conditionnelle après quatre mois d'incarcération en 2023.
La police a trouvé lors d'une perquisition au domicile de Anderson Torres une ébauche de décret pour annuler le résultat des élections, surnommée dans l'enquête "le brouillon du coup d'État".
Mardi, il a nié avoir participé à l'élaboration de ce document. "Je n'ai jamais pris part à cela. C'était mal écrit, plein de fautes d'orthographe, je ne sais pas qui a demandé à faire ça", a-t-il argumenté au sujet de ce texte qu'il a qualifié de "brouillon de Google".

Ces interrogatoires ont lieu au siège de la Cour suprême à Brasilia, un des lieux saccagés le 8 janvier 2023 par des milliers de bolsonaristes réclamant une intervention militaire pour renverser Lula, une semaine après l'investiture de ce dernier.
Le verdict ne devrait pas être connu avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Après les réquisitions du parquet et les plaidoiries de la défense, les cinq juges de la première chambre de la Cour suprême doivent voter pour décider s'ils condamnent ou non les accusés, et, le cas échéant, fixer les peines.
Avec AFP