Top 14 : «Je suis en train de faire une crise cardiaque...», le pilier du Racing, Hassane Kolingar, raconte la raison de sa longue absence

Il a fait son grand retour à la compétition ce dimanche face à Lyon. Depuis le 16 juin dernier et ce match de barrage perdu face à l’Union Bordeaux-Bègles, le pilier gauche du Racing 92, Hassane Kolingar (26 ans, 3 sélections), avait été tenu éloigné des terrains. Pour la première fois, il a expliqué, dans les colonnes de Rugbyrama , la raison de sa longue absence.

Le 20 juillet dernier, Hassane Kolingar était présent au mariage de son ami Ibrahim Diallo, le troisième-ligne du Racing 92. «Arrivé là-bas, je me colle un ’’Snus’’ (boule de nicotine aromatisée, NDLR) contre la gencive et je m’assois en attendant les mariés. Ce n’est rien d’illégal, hein… Il n’y a pas de tabac dedans, mais c’est une vraie merde, je pense. À l’époque, je trouvais juste que ça me relaxait, voilà tout. Beaucoup de sportifs en consomment. Beaucoup de jeunes aussi…»

Mais, rapidement, il ressent une gêne : «À un moment, j’éclate de rire et je sens aussitôt une pression au niveau du thorax. Mon cœur bat très fort. Je transpire énormément. Je vois des étoiles. Je pense que je fais juste une crise d’hypoglycémie et, pour ne pas gâcher la cérémonie, je me mets à l’écart. Mes tympans cognent, j’ai l’impression qu’on me colle des aiguilles dans la tête. (...) J’ai mal, vraiment mal et mes yeux se révulsent. Je suis en train de faire un arrêt cardiaque»

«Le chirurgien devait au préalable déclencher un nouvel arrêt cardiaque…»

Pris en charge par les pompiers, Kolingar est plongé dans le coma, transféré à l’hôpital d’Auxerre, puis très vite «dans le service cardiologie» d’une clinique du Plessis Robinson. Le pilier international est alors resté alité dix jours. Durant cette période, plusieurs médecins lui ont assuré qu’il devait «faire une croix» sur le rugby, avant qu’un cardiologue bordelais ne change le cours de l’histoire, de son histoire.

«À Bordeaux, le docteur Sacher m’a très vite dit que le but de l’intervention, qui durerait près de cinq heures, était de nettoyer la cicatrice que j’avais au niveau du cœur depuis ma naissance. Il fallait la retoucher pour empêcher les courts-circuits, en somme. Mais pour ça, il devait au préalable déclencher un nouvel arrêt cardiaque…»

« J’étais un cas d’école, une sorte de rat de laboratoire ! Personne ne voulait croire que ça avait vraiment fonctionné alors j’ai dû faire, après l’opération, des dizaines de tests supplémentaires »

Plus facile à dire qu’à faire. «La première fois, on m’a injecté une forte dose d’adrénaline : RAS. Alors, j’ai repris des ’’snus’’ sous les conseils des médecins. Autour de moi, ils étaient cinq avec les batteries électriques pour me faire repartir. C’était tout un truc, je vous jure : sur la table d’opération, je priais Dieu pour qu’il provoque un arrêt cardiaque et que l’opération puisse avoir lieu. Ça a duré cinq heures et je me suis réveillé. On était le 29 août 2024 et j’entrevoyais enfin une lumière au bout du tunnel.»

S’en sont suivies plusieurs semaines de «tests supplémentaires». «J’étais un cas d’école, une sorte de rat de laboratoire ! Personne ne voulait croire que ça avait vraiment fonctionné alors j’ai dû faire, après l’opération, des dizaines de tests supplémentaires, passer quelques semaines de plus dans un centre de rééducation de Versailles et refaire le test du ’’snus’’ pour vérifier que le cœur ne montait plus dans les tours. La deuxième opération, celle censée vérifier que la première avait fonctionné, a donc duré sept heures et fut concluante.»

Avant que la grande nouvelle n’arrive enfin pour le pilier français : «C’était début octobre. Les grands spécialistes se sont réunis en visio pour évoquer mon cas et examiner mes derniers tests physiques. À l’unanimité, ils ont alors décidé que je pouvais reprendre le rugby. Le médecin de la Ligue Nationale de Rugby a pu enfin valider ma licence. J’étais si heureux…»