Nicolas Framont : « Nous subissons tous la domination au travail »

Rédacteur en chef du magazine Frustration et expert auprès des comités sociaux et économiques (CSE), Nicolas Framont, auteur d’un précédent livre sur la bourgeoisie intitulé Parasites (Les liens qui libèrent, 2023), revient dans son dernier ouvrage, Vous ne détestez pas le lundi1, sur la façon dont le capitalisme a fait du travail un espace d’oppression.

Pourquoi vous êtes-vous intéressé à ce qui se joue au travail ?

Le point de départ, c’est le mal-être au travail. Je me détache de l’aspect psychologisant de cette notion pour rappeler l’oppression systémique liée au travail sous le capitalisme. Le livre fait le lien entre des problèmes quotidiens de souffrance au travail et cette expérience collective de l’aliénation et de la domination capitalistes. Nos expériences au travail sont très diverses, mais, pour autant, nous subissons tous la domination au travail.

Le travail est aussi le lieu privilégié d’actions de résistance. Quand on fait partie de la majorité de la population, sans grande puissance financière, on n’a pas beaucoup de moyens de se faire entendre. Notre offre de travail, c’est un peu notre seul pouvoir.

Si on s’arrête de travailler, ou si on travaille différemment, on peut fortement nuire à la prospérité de la classe dominante. Historiquement, la majeure partie de nos conquêtes sociales ne sont pas venues par les urnes. Elles sont le fruit des luttes au travail.

Comment se fait-il que les luttes soient de plus en plus défensives ? Est-ce lié à un verrouillage hiérarchique ?

Le problème du travail en France n’est pas tant qu’on ait des gentils ou des mauvais chefs, mais le fait que la hiérarchie se sente libre de traiter les gens comme elle l’entend, c’est-à-dire mal. Face à cela, la seule façon de se faire respecter est d’établir un rapport de force. Or, on a de moins en moins de leviers pour cela.

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