Un «scandale automobile». Alors que Stellantis est toujours embourbé dans ses rappels d’airbags Takata défectueux, l’UFC-Que Choisir a déposé plainte contre le constructeur français «pour pratiques commerciales trompeuses, tromperie aggravée et mise en danger délibérée de la vie d’autrui», auprès du procureur de la République de Versailles, a annoncé l’association de consommateurs ce mardi 22 janvier. Elle demande également une commission d’enquête parlementaire, «au vu de l’ampleur du scandale et des dysfonctionnements constatés, tant des constructeurs que des pouvoirs publics».
Ces airbags du fabricant japonais Takata, qui a fait faillite en 2017, équipent des millions de véhicules de différentes marques à travers le monde, pas seulement de Stellantis. Défectueux, ils présentent un fort risque d’explosion, accentué par la chaleur et l’humidité. Une quinzaine de morts ont été recensés en France, la plupart en outre-mer. Mais aucun rappel n’a été organisé par le constructeur tricolore avant 2023, pointe l’UFC-Que Choisir, alors que Takata a été condamné dès 2017 aux États-Unis pour ce problème.
Campagnes de rappel «à géométrie très variable»
Plus de 100.000 C3 et DS3 fabriquées entre 2009 et 2019 ont finalement été réparées après un rappel lancé par Stellantis sur le sud de l’Europe et de la France uniquement. Le découpage en deux de l’Hexagone, avec des véhicules censés être immédiatement immobilisés au sud d’une frontière virtuelle mais pouvant toujours être conduits au nord avait été vivement critiqué par les associations de consommateurs et provoqué l’inquiétude des automobilistes concernés. La campagne de rappel va désormais être étendue au nord de la France et de l’Europe, a annoncé Stellantis lundi.
L’UFC-Que Choisir estime toutefois que le constructeur a trop tardé à agir et que ses rappels sont «à géométrie très variable» et «sous-dimensionnés». En plus de la plainte déposée ce mardi, l’association de consommateurs met Citroën en demeure d’indemniser les clients lésés. «Nous n’avons pas été informés de cette plainte, mais nous collaborons toujours avec les autorités et la justice dans le cadre des enquêtes», a réagi Stellantis, joint par Le Figaro.
L’association de consommateurs souhaite également une commission d’enquête parlementaire, s’étonnant de l’«incompréhensible [...] manque d’initiatives efficaces de la part des pouvoirs publics pour pallier la conduite calamiteuse, par ce constructeur, de ses rappels». Elle aimerait également comprendre «comment les constructeurs du groupe Stellantis visés ont-ils pu équiper des automobiles en airbags Takata après que le scandale a éclaté aux États-Unis», en 2017, et pourquoi le gendarme de l’automobile créé en 2020 en France ne semble pas s’être saisi du dossier à bras-le-corps.
Ce «fiasco industriel» nuit à l’image de Stellantis, estime l’UFC-Que Choisir, d’autant que le groupe automobile fait également face à un autre problème d’ampleur sur ses véhicules : ceux équipés de moteurs PureTech, multipliant les pannes à cause de défauts de conception. Sur ce dossier aussi les clients lésés pointent du doigt l’attentisme de Stellantis, estimant que le groupe rechigne à prendre en charge les réparations. Plusieurs milliers de victimes s’apprêtent à entamer une action collective en justice.