Le bonus-malus automobile passe mal chez les industriels du secteur. Annoncée lors du projet de loi de finances 2025 (PLF) jeudi 10 octobre, la mesure a pour objectif le «verdissement du parc» français de véhicules. «Nous devons essayer de transformer notre fiscalité pour qu'elle soit davantage verte. (...) Nous devons avoir une fiscalité plus écologique pour nous permettre de réussir la transition», a déclaré le ministre délégué chargé des Transports François Durovray sur BFMTV ce mercredi 9 octobre.
Dans les faits, le gouvernement Barnier propose de «rétablir l'équilibre du système bonus/malus» en réduisant le seuil de déclenchement du malus CO2. Dès le 1er janvier 2025, il sera abaissé de 5 g, passant de 118 à 113 g/km. Il sera ensuite revu progressivement à la baisse pour atteindre 99 g/km en 2027. Conséquence directe: plusieurs voitures aujourd'hui exemptées de malus ne pourront bientôt plus y couper. «En 2025, ce léger durcissement du malus touchera moins de 6% des achats», indique de son côté Bercy, qui en attend 500 millions d'euros d'économies l'année prochaine. En parallèle, «pour cibler les véhicules les plus émetteurs», le montant maximal de la taxe (60.000 euros aujourd'hui) sera augmenté de 10.000 euros par an jusqu'en 2027, pour atteindre dans trois ans 90.000 euros.
«Une double peine» pour les constructeurs
Cette annonce fait grincer des dents les industriels réunis lors du mondial de l’automobile à partir de ce lundi 14 octobre. Interrogé sur RTL, Carlos Tavares, directeur général de Stellantis a dénoncé «une erreur» de la part du nouveau gouvernement. «C'est une double peine, il n'est pas utile de rendre les véhicules thermiques inabordables, critique le patron du groupe automobile. C'est une pénalité pour la liberté de mouvement des classes moyennes, 70% de nos concitoyens ont besoin de leur voiture pour leur vie de tous les jours, notamment pour aller travailler.»
Une première discussion entre les professionnels du secteur et le premier ministre ont déjà eu lieu. Xavier Horent, délégué général de Mobilians, représentant de la filière automobile dénonce «une instabilité chronique au niveau de la réglementation». «Les constructeurs risquent d'être taxés parce qu'ils ne vendent pas assez de véhicules électriques en Europe. On va être taxé parce qu'on vend trop de véhicules thermiques. Cherchez l'erreur ! Il faut faire des voitures à cheval. On marche sur la tête», a ajouté sur Franceinfo Luc Chatel, président de la plateforme automobile, groupement d’intérêt qui réunit tous les acteurs du secteur.
Par ailleurs, sera également renforcée la taxe au poids, dite «malus masse», instaurée en 2022 pour lutter contre la tendance à l'alourdissement des véhicules. Son seuil de déclenchement sera abaissé en 2026 de 1600 kg à 1500 kg. Dès 2025, la réduction dont profitent aujourd'hui tous les véhicules hybrides non rechargeables sera en outre limitée «aux seuls véhicules performants sur le plan environnemental».