«ChatGPT, fais mes devoirs!» Voilà une requête formulée des millions de fois auprès de l’assistant conversationnel d’OpenAI depuis sa sortie fin 2022, suivie d’un sujet de dissertation ou bien d’une équation à résoudre. La machine livre alors la réponse en quelques secondes, via des paragraphes structurés que l’élève peut recopier tel quel... Cet usage fainéant de l’intelligence artificielle, dénoncé maintes fois par le corps enseignant, est jugé préjudiciable à l’apprentissage, car n’exerçant pas ou peu les capacités cognitives de l’utilisateur. En annonçant ce mardi le lancement du mode «Étudier et apprendre», l’entreprise américaine OpenAI entend répondre aux critiques.
Concrètement, ce nouvel outil est intégré à l’agent conversationnel ChatGPT, avec un nombre limité de requêtes sur une période de cinq heures pour les utilisateurs de la version gratuite. Accessible au niveau de la barre de recherche, la fonctionnalité est conçue pour restituer des connaissances théoriques, tout en incitant l’utilisateur à la réflexion.
Passer la publicité«Pédagogie active»
Par exemple, le mode «Étudier et apprendre» va réagir différemment du ChatGPT standard face au problème mathématique suivant : «Un train se déplace à 200 km/h heure en ralentissant de 5 km/h. Sachant qu’il est à 2000 km de la gare, quand arrivera-t-il à la gare ?» Si le ChatGPT classique va dérouler l’intégralité du calcul et donner la solution («le train atteindra la station en 11 heures et 43 minutes environ»), l’outil pensé pour l’apprentissage guide l’utilisateur dans la résolution du problème, étape par étape. Il va ainsi commencer par demander : «Combien de temps faut-il pour que le train s’arrête complètement, c’est-à-dire que la vitesse du train passe de 200 à 0 km/h?». Et si l’utilisateur se contente d’un «Je ne sais pas», le nouveau robot conversationnel propose des indices supplémentaires, sans toutefois dévoiler la bonne réponse.
«Ce qui fait réellement la différence, c’est la possibilité d’entrer en dialogue avec le savoir. ChatGPT ’Étudier et apprendre’ favorise une pédagogie active en ne fournissant pas directement les réponses aux questions des utilisateurs», résume Jayna Devani, chargée du pôle éducation chez OpenAI, qui souligne que l’outil a été développé avec l’aide d’une équipe de neuroscientifiques.
Partenariats dans l’enseignement supérieur
Le robot conversationnel, qui concurrence directement l’IA dédiée à l’apprentissage LearnLM lancée par Google l’année dernière, promet également de s’adapter à l’apprenant sur la base d’échanges passés. Dans le cas du problème mathématique, la machine propose par exemple un graphique permettant de visualiser la décélération du train à un utilisateur ayant déjà fait savoir qu’il avait une mémoire visuelle. Parmi les cas d’usages, Jayna Devani cite la possibilité de consolider des connaissances dans la perspective d’un examen ou d’une présentation orale.
La nouveauté, qui s’adresse principalement aux étudiants, intervient alors que l’omniprésence de l’intelligence artificielle dans les milieux scolaires se confirme. Un sondage du Digital Education Council mené auprès de plus de 3000 étudiants de l’enseignement supérieur dans 16 pays, révèle que 86% des répondants affirment utiliser l’IA dans leur cursus. OpenAI déploie d’ailleurs ses solutions dans les universités du monde entier. L’année dernière, l’entreprise avait ainsi noué un partenariat avec l’ESCP Business School, mettant sa version pensée pour les universités (ChatGPT Edu), à la disposition de 1000 personnes sélectionnées parmi les étudiants, les enseignants-chercheurs et les cadres de l’école de commerce.