Malgré les critiques, Emmanuel Macron prend le risque de la division et annonce une loi contre « l’entrisme islamiste »
Non satisfait du précédent Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN), organisé mardi 20 mai, au cours duquel il a recadré les membres du gouvernement suite à la fuite du rapport sur les Frères musulmans dans la presse, Emmanuel Macron est revenu à la charge, lundi 7 juillet. Le chef de l’État a ainsi eu ses « nouvelles propositions » de la part du ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, de sa collègue de l’éducation, Élisabeth Borne, mais aussi de la ministre des sports, Marie Barsacq.
Que le rapport en question ait été démonté pour sa « méthodologie peu rigoureuse, des évidences, des amalgames et du simplisme » n’est pas la question, le président de la République peut annoncer, comme souhaité, des mesures pour combattre… « les phénomènes de séparatisme et d’entrisme » à la fois, comme « l’islamisme ». Le chef de l’État a ainsi organisé un point presse dès la clôture du CDSN. L’Élysée y a annoncé la création de nouveaux outils de sanctions financières et administratives.
Un texte de loi « pour la fin de l’été »
« On a acté la création d’une nouvelle mesure de gel des apports monétaires et financiers », a-t-il détaillé. Soit un élargissement de ce qui était jusque-là réservé aux groupes terroristes. Il a aussi annoncé un élargissement du champ des dissolutions administratives, pour l’instant possibles pour les seules personnes morales, et qui pourront concerner les fonds de dotation.
Autre mesure actée : un « régime coercitif de dissolution des biens des organisations dissoutes », pour que le tribunal judiciaire, saisi par l’administration, puisse désigner un curateur chargé de procéder à la liquidation. En résumé, les avoirs des organisations jugées non conformes au « contrat d’engagement républicain » seront confisqués. L’Élysée et le gouvernement souhaitent donc pouvoir dissoudre davantage et plus rapidement les associations suspectées d’être affiliées aux Frères musulmans.
Le chef de l’État a aussi demandé un renforcement du régime administratif d’interdiction des ouvrages illicites, « en allongeant le délai de prescription », et avec des mesures de lutte contre la provocation à la discrimination et à la violence. Il a par ailleurs été décidé de « renforcer la formation des imams » pour « vraiment sortir d’une trop grande dépendance avec les pays d’origine ».
Pour les mesures qui demandent un changement de la loi, Emmanuel Macron « a demandé que les textes soient finalisés (…) dans les semaines à venir » et « qu’on ait un texte pour la fin de l’été », a-t-il ajouté. Son « objectif est qu’on ait un texte qui soit applicable en fin d’année ». Le président a aussi annoncé qu’il réunirait les représentants du Forum de l’islam en France (Forif) « à l’automne ».
Des « accusations infondées »
À l’extrême droite, la cheffe de file du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a dénoncé des « mesurettes administratives » et réclamé d’aller « chercher, dénoncer, débusquer, couper les financements, interdire les publications » de cette « idéologie totalitaire ». Présentée comme « la branche nationale des Frères musulmans en France », l’association Musulmans de France avait ainsi vivement dénoncé, fin mai, des « accusations infondées » et mis en garde contre des « amalgames dangereux ».
Le Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l’islam, avait, lui aussi, exprimé sa « profonde inquiétude face aux possibles dérives et instrumentalisations des données ». C’est précisément ce que reproche au chef de l’État la France insoumise (LFI), dont le coordinateur national, Manuel Bompard, a dénoncé une volonté de « pointer du doigt les Français de confession musulmane » sur le plateau de TF1, lundi 7 juillet. Alors qu’une enquête publiée dimanche 6 juillet par Mediapart fait état d’un entrisme des courants catholiques traditionalistes au sommet de l’État, le timing de ces annonces peut prêter à sourire.
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