Pick-up Lamborghini, Ferrari en édition limitée... L’impressionnante collection de voitures de Bachar el-Assad
On croirait un parking où se seraient garés tous les chefs d’Etat du G20 et quelques-uns de leurs amis. C’est en fait le garage privé et désormais abandonné de Bachar el-Assad, le président syrien déchu, ayant quitté son pays après la prise du pouvoir par le groupe islamiste HTS. Sur des vidéos prises par les rebelles ayant pénétré dans le palais présidentiel à Damas, on voit défiler des dizaines de véhicules plus rutilants les uns que les autres, des pick-up aux voitures de sport italiennes.
Tour d’horizon de ce salon de l’auto syrien. La Ferrari F50 a particulière tapé dans l’œil des amateurs : ce véhicule de 519 chevaux (une citadine classique en compte entre 50 et 130) peut atteindre une vitesse de pointe de 325 kilomètres par heure. Seulement 349 modèles du genre ont été conçus par le constructeur italien au milieu des années 1990. L’été dernier, un de ces véhicules s’est vendu à 5,5 millions d’euros dans un salon californien. Parmi les propriétaires les plus célèbres de la F50, on peut citer Clint Eastwood, Myke Tyson ou le chanteur britannique Rod Stewart.
Même si l’on peut se demander en quelles occasions, le président a pu conduire ces bolides, le garage compte des véhicules de course par dizaines : une Mercedes SLS McLaren, une Aston Martin Rapide, une Bentley Continental GT, une Lamborghini Diablo, une Audi R8...
Plus massive et tout aussi italienne, une étonnante Lamborghini LM002 se laisse apercevoir. Elle a été conçue en 1986 pour répondre à un appel d’offres de l’armée américaine, qui souhaitait trouver un successeur à ses Jeep. Ce véhicule tout-terrain, censé transporter des hommes et du matériel dans les zones de guerre, s’est finalement vu préférer le Hummer de General Motors. La LM002 est alors devenue une pièce rare, très prisée des stars américaines et des fortunes pétrolières arabes à l’aube des années 2000. Sotheby’s en a cédé un exemplaire cette année à 700 000$, lors d’une vente aux enchères.
Le «carrosse des dictateurs»
Parmi les modèles les plus marquants, on peut aussi citer un fourgon blindé, une Rolls Royce Ghost, un Revcon Trailblazer - curieux camping-car à six roues des années 1990 - et une Mercedes 600. Cette dernière est surnommée «le carrosse des dictateurs», pour avoir été très utilisée par les autocrates de la deuxième moitié du XXème siècle, de Ceaucescu à Mao.
Cette flotte bien garnie, un peu vintage, n’a pas circulé très souvent dans les rues de Damas. Le président est apparu une fois, en 2018, au volant d’une Honda Civic, dans une vidéo mise en scène par ses services. Il quittait Damas pour le Ghouta Oriental, où venaient d’avoir lieu des combats sanglants entre des rebelles islamistes et l’armée syrienne. Le dictateur voulait ainsi montrer, en conduisant paisiblement entre les décombres, que la situation s’était stabilisée et que le danger terroriste s’était éloigné.
Bachar Al-Assad n’aura donc jamais fait l’étalage de ce flamboyant patrimoine automobile pendant ses vingt-quatre ans au pouvoir. À quoi cela lui servait-il ? À pouvoir rivaliser avec d’autres hommes d’État du Golfe, comme le richissime cheikh Hamad Bin Hamdan Al Nahyan qui possédait une Mercedes aux couleurs de l’arc-en-ciel ou le fils de Saddam Hussein, Oudaï, à qui l’on prêtait une collection de 1200 véhicules ?
Bachar Al-Assad, qui a quitté Damas précipitamment ce dimanche 8 décembre, à bord d’un avion privé, n’est peut-être pas près de retrouver ses belles cylindrées allemandes et italiennes. Que conduira-t-il en exil dans les rues de Moscou s’il s’y balade ?