Plaintes à l’hôpital, formations : de nouvelles mesures pour lutter contre les violences faites aux femmes
Michel Barnier va annoncer ce lundi 25 novembre un nouveau «plan de bataille» pour lutter contre les violences faites aux femmes. Le locataire de Matignon doit se rendre avec plusieurs membres de son gouvernement à la Maison des femmes, adossée à l’Hôtel-Dieu à Paris, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
D’après La Tribune Dimanche , le gouvernement souhaite que les victimes de violences sexuelles puissent porter plainte dans tous les hôpitaux de France d’ici à la fin de l’année 2025. Certains établissements de santé ont déjà mis en place ce dispositif, en Île-de-France notamment. «Les victimes devraient se signaler à l’hôpital pour que la police vienne à elles, et non plus l’inverse.» Des femmes peinent en effet à passer la porte d’un commissariat, surtout dans les zones rurales, rappelle l’hebdomadaire.
20 millions d’euros alloués à l’aide universelle d’urgence
Michel Barnier doit aussi annoncer une augmentation des moyens alloués à l’aide universelle d’urgence, dont 26.000 femmes ont bénéficié l’année dernière. Le montant devrait passer de 13 à 20 millions d’euros dans le budget 2025. Cette aide permet aux femmes qui quittent leur foyer pour fuir des violences conjugales d’obtenir une enveloppe de 800 euros en moyenne pour assumer leurs premières dépenses. Ce secours financier peut atteindre jusqu’à 1400 euros. Des places d’hébergement d’urgence pour les femmes qui bénéficient de cette aide devraient également être sanctuarisées.
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Le gouvernement souhaite également lancer un plan de formation à la prise en charge de victimes de violences sexistes et sexuelles pour les policiers tout au long de leur carrière, tous les trois ans environ. Les médecins et avocats seront formés au recueil des preuves et à l’accueil de la parole des victimes, notamment pour répondre aux nouvelles formes de violence telles que le cyberharcèlement, ou encore la soumission chimique. La question du recueil des preuves est déterminante : les traces de drogues ou de médicaments disparaissant rapidement de l’organisme. De telles preuves sont souvent nécessaires pour que la justice puisse condamner un agresseur. Huit plaintes sur dix sont classées sans suite, faute de preuves.
Impacts du procès des viols de Mazan
Ces mesures sont essentiellement issues de la cellule d’urgence créée le 21 octobre par la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, Salima Saa. Elle a réuni plusieurs experts de la justice et de l’éducation, ainsi que des associations féministes, familiales et de victimes. L’ouverture du procès des 51 violeurs de Mazan en septembre a eu un impact homérique sur l’opinion publique. «Ça reste un procès historique et pédagogique», estime Salima Saa, dans La Tribune Dimanche. «Il y a eu un avant et après #MeToo ; il y aura un avant et un après Mazan». Cette affaire a mis en lumière les mécanismes de la soumission chimique. Ainsi, la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes lancera lundi une campagne d’information avec Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot. Cette dernière a créé une association «M’endors pas», dont les dispositifs seront accessibles dans les 20.000 pharmacies de France à l’aide d’un QR code. Il indiquera un numéro de téléphone et l’adresse du Crafs (Centre de référence sur les agressions facilitées par les substances), une plateforme d’écoute et d’accompagnement spécialisée.