L’architecture minérale aimante le regard. Comment ne pas songer à un sanctuaire devant ces volumes très dessinés, en béton ocre, accrochés à flanc de colline ? Ce béton précieux, que l’on a vite envie d’effleurer de la main, est issu de la terre excavée du site et de tuiles concassées, identiques à celles des toits de Cargèse. L’hôtel Mylos vient d’ouvrir sur les hauteurs du village corso-grec de la côte occidentale de l’île, perché au-dessus de la mer entre Ajaccio et Piana. Son nom, Mylos (moulin, en grec), est un clin d’œil aux vestiges d’un vieux moulin, à deux pas de l’hôtel.
Un bâtiment principal, lové autour d’un patio arboré d’un majestueux belombra, abrite 25 chambres avec vue mer ou village, tandis que deux constructions en restanque et aux toits végétalisés jouent une autre partition pour 10 chambres. Celles-ci, avec des murs en béton pisé et d’élégants placards en bois australien plissé et vernissé, se distinguent par une décoration plus éloquente. Leurs petites terrasses ouvrent toutes sur l’horizon maritime et le temps de la contemplation. Le cabinet Orma Architettura a dessiné Mylos, l’architecte d’intérieur Dorothée Meilichzon l’a habillé.
Passer la publicitéLa Méditerranée et la Grèce antique lui ont inspiré des alcôves, des frises creusées dans l’enduit, des marbres veinés de vert. Une palette colorielle aussi, chaleureuse et solaire, qui combine terre de Sienne, écru ou vert amande. L’appétence pour les matériaux et leur pouvoir d’expression infuse également dans le mobilier des espaces communs : les assises semblent avoir été façonnées dans la terre cuite et des cloisons en béton cellulaire adoptent des formes organiques et oniriques.
Parmi les oliviers et les massifs d’immortelles au parfum d’épices, une volée d’escaliers mène aux deux pépites de l’hôtel : la piscine, en béton, en lévitation dans le paysage et le restaurant, Teos, haut perché en lisière du maquis. Deux lieux avec une vue à couper le souffle sur la Méditerranée. Pierre Geronimi, maître glacier renommé de Sagone signe ici une cuisine bistronomique de terroir, mâtinée d’influences grecques.
Un littoral féerique
Plutôt rare sur l’île (en dehors des villes), l’adresse est ouverte toute l’année, avec un atout de taille en hiver : un spa, comme taillé dans la roche, avec une divine piscine intérieure. Car Mylos se révèle être une escale idéale en toute saison pour les amoureux des paysages maritimes. Vingt kilomètres au nord, s’ouvre le golfe de Porto et son décor merveilleux. Crêtes vertigineuses du Capo Rosso, chaos dantesques des roches ocre des calanques de Piana, escarpements de granite rose entaillés de grottes et de criques près de Porto…
Aux heures fraîches, on peut baguenauder sur un sentier parmi les sculptures de pierre de Piana. Pour allier découverte et baignade, on embarquera sur un canoë depuis Porto pour caboter le long de ce littoral féerique et s’immiscer dans les anfractuosités de la roche. Enfin, au nord du golfe, la réserve naturelle de Scandola impose son époustouflant décor aux origines volcaniques : promontoires déchiquetés, pinacles acérés et falaises rouges fendant la mer. Un sanctuaire terrestre et marin.
Mylos (04.65.65.20.13 ; Mylos-hotel.com ), à partir de 160 € la chambre double. Petit déjeuner, 18 €.
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