Syrie : l’Iran réaffirme son soutien au gouvernement face à l’offensive rebelle

Une coalition de groupes rebelles dominée par des islamistes a pris la majeure partie d’Alep, la deuxième ville de Syrie et son aéroport, lors d’une offensive éclair qui a fait plus de 320 morts, samedi, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale.

Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dominé par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, et des factions rebelles syriennes, certaines soutenues par la Turquie, ont lancé mercredi - jour de l’entrée en vigueur d’une trêve entre le Hezbollah et Israël - une offensive depuis la région d’Idleb, dernier bastion échappant au régime. Ils ont pris des dizaines de localités avant d’entrer vendredi dans la ville d’Alep.

Le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a déclaré à l’AFP que les rebelles avaient rapidement pris de vastes secteurs d’Alep «sans rencontrer de résistance significative». «Les lignes du régime se sont effondrées à un rythme incroyable qui a pris tout le monde par surprise», estime Dareen Khalifa, experte de l’International Crisis Group.

L’Iran soutient la Syrie, face aux rebelles

L'Iran, proche allié de la Syrie, a annoncé soutenir fermement l’armée syrienne et le gouvernement de Bachar al-Assad après une offensive d’une coalition de groupes rebelles dominée par des islamistes qui a permis la prise de la ville d’Alep

«Nous soutenons fermement l'armée et le gouvernement en Syrie», a déclaré Abbas Araghchi avant son départ pour Damas. «L'armée syrienne vaincra à nouveau ces groupes terroristes comme par le passé», a-t-il assuré, cité par l'agence officielle Irna.

L’Iran a affirmé samedi que des «éléments terroristes» avaient attaqué son consulat à Alep, et annoncé la visite dimanche à Damas de son chef de la diplomatie. Téhéran a en outre appelé à une «coordination» avec Moscou pour faire face à cette offensive, et Bagdad a dit que la «sécurité» et la «stabilité» de la Syrie étaient «liés» à celles de l’Irak. 

Bachar al-Assad affirme que son pays peut «vaincre les terroristes»  

Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé samedi que son pays était capable de «vaincre les terroristes».  «La Syrie continue de défendre sa stabilité et son intégrité territoriale face à tous les terroristes et leurs soutiens, et elle est capable, avec l’aide de ses alliés et amis, de les vaincre et de les éliminer, quelle que soit l’intensité de leurs attaques», a-t-il déclaré lors d’un appel téléphonique avec son homologue émirati, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Raids aériens russes

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays en guerre, a fait état de raids aériens russes avant l’aube samedi sur Alep, les premiers depuis 2016, année durant laquelle le régime avait repris le contrôle de la ville septentrionale aux rebelles, avec l’aide de Moscou.

Samedi après-midi, une frappe aérienne «probablement» russe a ciblé des «véhicules civils» dans un secteur d’Alep pris par les rebelles, tuant 16 civils, a indiqué l’OSDH. Un photographe de l’AFP sur place a vu des voitures calcinées, des corps sur la chaussée et un autre dans une voiture.

327 personnes ont été tuées depuis mercredi

«Le HTS et les factions alliées ont pris la majeure partie de la ville d’Alep, des bâtiments gouvernementaux et des prisons», a précisé l’OSDH. Les rebelles ont défilé dans les rues, installé leur drapeau devant un poste de police et déchiré un portrait de Bachar al-Assad, selon des images de l’AFP. Ils ont également pris le contrôle de l’aéroport international d’Alep, selon l’OSDH.

L’ONG a ajouté que les rebelles avaient également progressé samedi dans les provinces d’Idleb et de Hama (centre), prenant le contrôle de «dizaines de localités stratégiques sans aucune résistance». L’OSDH a affirmé que l’armée s’était retirée de la ville de Hama, mais une source militaire syrienne, citée par les médias d’Etat, a démenti. 

L’armée syrienne a confirmé la présence de combattants antirégime dans de «larges parties» d’Alep et déploré des «dizaines» de morts et de blessés dans l’offensive. Selon un dernier bilan de l’OSDH, 327 personnes ont été tuées depuis mercredi: 183 combattants rebelles, 100 soldats syriens et membres des forces progouvernementales ainsi que 44 civils.

La France a appelé toutes les parties à «protéger les populations civiles»

La France a appelé toutes les parties à «protéger les populations civiles» à Alep, tandis que la Maison Blanche a jugé que le régime syrien subissait les conséquences de «son refus» de s’engager dans un dialogue politique et de sa «dépendance à la Russie et à l’Iran»

Le nord-ouest bénéficiait ces dernières années d’un calme précaire en vertu d’un cessez-le-feu parrainé par Moscou et Ankara, instauré après une offensive du régime en mars 2020.

Les rebelles ont instauré un couvre-feu de 24 heures à Alep

Les rebelles ont instauré un couvre-feu de 24 heures à Alep, à partir de 17h00 samedi (14h00 GMT), «pour assurer la sécurité des habitants».

Le HTS et les rebelles contrôlent des pans entiers de la province d’Idleb, des secteurs dans la province voisine d’Alep, ainsi que des zones de Hama et Lattaquié. L’armée turque, qui contrôle plusieurs zones du nord syrien, avait appelé vendredi à mettre «fin» aux «attaques» sur Idleb après des raids russes et syriens. Déclenchée en 2011 après la répression brutale de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait un demi-million de morts.