Deauville: le Ciro’s ou les planches gastronomiques
On y va par gourmandise. Pour un restaurant, c’est un très bon signe. On y court pour commander les beignets de langoustines , dorés à point, pas gras pour deux sous, croustillants, oui, et moelleux à l’intérieur. Divine surprise, la langoustine (format XXL) a gardé toute sa saveur. Ce rêve de beignet est servi avec une sauce hollandaise plus aérienne que l’air. Une entrée formidable servie par 3, 6 ou 9. Nous recommandons la dernière option. On y va aussi pour des crudos plus fondants que la banquise en juillet : du bar en fines tranches avec gingembre, du maigre avec citron et raifort, du thon avec ses agrumes. Puis on passe au bar en croûte de sel ou a à la sole meunière. Les deux vont arriver parfaitement cuits. Les accompagnements, de la mousseline de pomme de terre aux pousses d’épinard, en passant par les légumes du jardin, ne se poussent pas du col mais ils sont à la hauteur du plat.
Chef du Ciro’s depuis octobre 2024, Adrien Brunet, que l’on avait déjà croisé, entre autres, au Saint-James, à Paris, fait des merveilles. Certains plats se révèlent animés d’une force d’attraction hors du commun. Et d’un fumet diabolique. On se dit que la prochaine fois on reprendra les linguine au homard rôti, un plat plus instagrammable que le maillot de bain de Pamela Anderson (une des stars du dernier festival du cinéma américain de Deauville). Ou une bouillabaisse au homard, peut-être. Le reste de la carte ne décevra personne. Les amateurs d’huîtres et de crabe sont comblés.
Passer la publicitéLes desserts du chef pâtissier Thomas Philippe ? Soignés. Ce jour, un mille-feuille vanille bourbon caramel coulant et un soufflé au chocolat. Rien à redire.
La carte des vins, très orientée bourgogne et côtes-du-Rhône, est du genre rassurante. Tout en réservant quelques surprises. Il est rare qu’un restaurant avec vue sur Manche propose un vin de Cassis, comme ce Clos Sainte Magdeleine 2023. Bon choix. Plus sophistiqué : un château Simone 2021. Les vins de Loire sont bien représentés. Regrettons juste que la proposition de bordeaux soit si courte.
Hors saison, au calme, quand la salle est à peine comble, c’est un havre de paix. On prend place au fond du restaurant, sur une des tables en hauteur et on profite de la vue en cinémascopes. L’intérieur du Ciro’s revu par le duo d’architectes Friedmann et Versace est celui d’un amphithéâtre avec vue sur mer. La salle pourrait être celle d’un de ces luxueux paquebots transatlantiques du début du XXe siècle. On imagine une grande cabine recouverte d’une structure vitrée. Le mariage des bois précieux, des bas-reliefs Art nouveau, de la vaisselle blanche et de la verrerie, est du plus bel effet. Ce n’est pas un restaurant, c’est un bateau de croisière qui navigue sur le sable. En saison, l’endroit s’agite. Le spectacle est autant dans la salle que dans l’assiette. Depuis le 3 juillet 1959, date de son ouverture, le restaurant a vu défiler Jean Gabin, Françoise Sagan, Yves Saint Laurent. Qui ont depuis laissé la place à toute une génération de jeunes acteurs et influenceurs. Mais la vraie star reste en cuisine.
Reconnaissons-le : nous nous attendions à une adresse «show off». Mais Ciro’s est un repère de gourmand. L’enseigne du groupe Barrière est désormais déclinée à La Baule et à Cannes.
Ciro’s. Les Planche de Deauville. Tél. : 02 31 14 31 31. Tous les jours. Menu à 80€. Carte : 70-100€.