Vendée Globe : Charlie Dalin, la revanche d'un "Poulidor" de la voile
Après 64 jours 19 heures 22 minutes et 49 secondes, Charlie Dalin est de retour à son point de départ. Alors que les premières lueurs du jour percent sur l'océan Atlantique au large des Sables-d'Olonne, le skipper normand est accueilli triomphalement par le cortège de bateaux venus célébrer le vainqueur de l'édition 2024-2025 du Vendée Globe, la plus prestigieuse course de voile autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance.
Saisi par l'émotion et la fatigue de ces deux mois, le Normand a salué de longs moments la foule des suiveurs, avant de s'effondrer quelques secondes sur le pont de son voilier Macif.
"Je n'ai jamais vécu des émotions pareilles. C'était la folie, cette ligne d'arrivée avec la lumière du jour qui commençait à percer. Je n'avais jamais vécu ça de ma vie, c'était incroyable. C'est la plus belle ligne d'arrivée de ma carrière, de loin", a savouré à chaud Charlie Dalin, visiblement sous le coup de l'émotion.

Sa compagne Perrine et son fils de sept ans Oscar l'ont rapidement rejoint, lui offrant ses premiers contacts physiques depuis le départ. Charlie Dalin a également retrouvé son équipe technique, dont il a longtemps loué le rôle dans son exploit : le précédent record, établi par Armel Le Cléac'h en 2017, est pulvérisé de plus de neuf jours.
Premier arrivé en 2021 mais deuxième au classement
De quoi finir de digérer l'incroyable scénario de la précédente édition. En 2021, pour sa première participation au Vendée Globe, Charlie Dalin avait déjà coupé la ligne d'arrivée le premier. Avant d'être finalement classé deuxième.
L'explication ? Yannick Bestaven (Maître CoQ), arrivé plus tard que Charlie Dalin, avait obtenu une bonification de temps pour avoir participé aux opérations de sauvetage de Kevin Escoffier. Le Normand s'était ainsi incliné pour moins de trois petites heures.
"C’est tout à fait normal qu’il y ait des bonifications, il n’y a pas de débat, pas de problème à ce niveau-là", avait-il réagi sportivement.
Malgré tout, difficile de ne pas ressasser. "C'était dur à avaler. Je me réveillais la nuit, je refaisais la course, les manœuvres, les choix de voile pour comprendre où j'avais laissé filer ce temps", racontait-il avant le départ. Avant de finalement se résoudre au constat : il n'y avait rien à faire.
Un architecte naval
Né en 1984 au Havre en Seine-Maritime, Charlie Dalin n'est pourtant pas issu d'une famille de "marins". C'est lors de vacances en Bretagne, sur la presqu'île de Crozon, qu'il découvre l'univers de la voile à l'âge de six ans.
À lire aussiSur le Vendée Globe, les femmes, des navigatrices comme les hommes
C'est un coup de foudre. "Avec les couverts, il nous montrait le sens du vent. Il cherchait ce qu’il fallait faire, l’angle à prendre. C’était assez pointu, pas des petits trucs d’enfants", raconte sa mère dans Ouest-France.
Sa passion le pousse à intégrer l'université de Southampton, en Angleterre, où le Normand décroche un diplôme d'architecte naval en 2006. Il déménage ensuite du côté de Concarneau pour se consacrer à sa passion. Il se fait vite un nom, notamment avec sa deuxième place sur la Mini Transat 2009.
"Un peu Poulidor"
Avant le départ du Vendée Globe, le skipper ironisait sur sa peur d'être appelé "Poulidor", du nom de ce grand coureur cycliste français, éternel deuxième derrière Jacques Anquetil sur le Tour de France. Il est vrai que Charlie Dalin a collectionné les accessits : un record de cinq podiums d'affilée sur la Solitaire du Figaro entre 2014 et 2018 sans jamais la remporter, une deuxième place sur la Route du Rhum en 2022.
À lire aussiLa Fédération de la lose célèbre l'art de perdre à la française
Cependant, à l'inverse de Poulidor dont l'image de perdant magnifique aura occulté le reste de sa carrière, Charlie Dalin s'est déjà taillé un palmarès de vainqueur plus que respectable : la Transat AG2R (2012 avec Gildas Morvan), le championnat de France de la course au large (2014), la Transat Café L'Or (2019 en Imoca), la Rolex Fastnet Race (2013 en Figaro, 2021 et 2023) ou le Défi Azimut-Lorient Agglomération (2021 et 2024).
Et désormais la plus belle des victoires : "Ce Vendée Globe 2024, j'en rêve depuis le lendemain du Vendée Globe 2021, cela fait quatre ans que je me bats avec l'équipe, qu'on a travaillé dur, on a tout donné pour faire ce super bateau. On vit pour ça et ça y est, on a atteint l'objectif. Je suis super heureux de ce résultat, avec un record en plus. Le Vendée Globe, c'est quelque chose d'unique", savoure-t-il.