Mardi 4 novembre, les jurés du Goncourt ont manifesté leur soutien à l’écrivain emprisonné. Ceux du Renaudot ont attribué leur prix «Poche» à son roman Vivre. Le compte à rebours.
Passer la publicité Passer la publicitéCela fait bientôt un an que l’écrivain Boualem Sansal est enfermé dans les geôles d’Alger. Ce mardi 4 novembre, les jurés du Goncourt et du Renaudot ont pensé à lui. Les premiers ont tenu à lui rendre hommage en portant un badge «Je suis Sansal» ; ils avaient déjà exprimé leur solidarité avec l’auteur franco-algérien en décembre dernier, au moment de son incarcération, en réaffirmant leur « condamnation à toute atteinte à la liberté d’expression ».
Quant aux jurés du Renaudot, ils lui ont décerné à l’unanimité leur prix dans la catégorie « poche ». En distinguant Vivre. Le compte à rebours (Folio), c’est le romancier au styliste volcanique qu’ils ont salué.
Passer la publicitéDans ce roman – l’édition de poche a été publiée en mai 2025 – l’écrivain renoue avec le roman d’anticipation et met en scène Paolo, un professeur de mathématiques, qui fait partie des « Appelés », un groupe d’humains choisis par une puissance mystérieuse. Cette puissance leur révèle que la Terre va disparaître d’ici 780 jours… Paolo se met en quête des siens et doit choisir les êtres humains dignes de monter à bord du vaisseau spatial qui emmènera une minorité d’élus sur une autre planète... Tous les bénéfices des ventes seront reversés à la Société de soutien international à Boualem Sansal.
Comme dans 2084. La Fin du monde, Sansal, en usant de la fiction dystopique, veut prévenir encore et toujours : « Il peut se bâtir une véritable religion à partir de la science à une période où s’élabore un mélange entre magie et science », explique-t-il.
Un enjeu politique et diplomatique
Comme s’il n’avait pas suffisamment de combats à mener avec l’intégrisme, l’écrivain met en garde contre les dangers du wokisme et de l’intelligence artificielle, deux systèmes narratifs qui nous « préservent » de penser par nous-mêmes, nous avait-il affirmé au moment de la publication de Vivre. Dans la dernière page du roman, le narrateur dit : « L’ignorance est la sérénité et le savoir une douleur sans fin. »
Né en 1949, en Algérie, Sansal vivait près d’Alger avant son arrestation le 16 novembre 2024. Le soutien des jurys Goncourt et Renaudot vient après une série de manifestations et d’événements demandant sa libération. Pour l’instant, on reste sans nouvelles. Lors d’une conférence de presse, Antoine Gallimard, PDG de la maison qui l’édite depuis son premier roman Le serment des barbares (1999), soulignait parfaitement le nœud du problème en affirmant : « L’incertitude dans laquelle nous sommes à l’égard de la situation judiciaire de Boualem Sansal ne fait que confirmer que celle-ci est d’abord liée à un calendrier politique et diplomatique sur lequel nous n’avons pas de prise. »