Réalisateurs, acteurs, intrigues... Découvrez ce que l’on sait des films français du Festival de Cannes
Eleanor The Great de Scarlett Johansson, The Phoenician Scheme de Wes Anderson, le dernier Mission Impossible de Christopher McQuarrie... Jeudi 10 avril, le Festival de Cannes a solennellement dévoilé sa liste de films pour sa 78e édition. Comme chaque année, les plus grandes stars hollywoodiennes et internationales viendront sur la Croisette pour défendre leurs dernières œuvres. Elles seront en concurrence avec de nombreux cinéastes français qui espèrent, eux aussi, repartir de Cannes avec une statuette sous le bras.
Notons que la sélection officielle est cette année dédiée à la mémoire d’Émilie Dequenne, Prix d’interprétation du Festival de Cannes en 1999 dans le film Rosetta de Jean-Pierre et Luc Dardenne, qui remporta la Palme d’or cette année-là.
Retour sur les films tricolores sélectionnés tous azimuts.
Un (premier) film français en ouverture
Fait inédit, le film d’ouverture du festival sera la première œuvre d’une réalisatrice. C’est la Française Amélie Bonnin qui inaugurera la cérémonie avec son court-métrage Partir Un Jour. Cette comédie dramatique raconte l’histoire d’un jeune écrivain qui quitte Paris et retourne dans son village normand afin d’aider ses parents à déménager.
Dans le rôle de Caroline, l’amie d’enfance du héros, le film s’offre la chanteuse Juliette Armanet, qui n’en est pas à son coup d’essai.
Julia Ducournau parmi les trois Français en Sélection
Parmi les 19 films retenus en sélection officielle, trois d’entre eux sont réalisés par des cinéastes français. On y retrouve Hafsia Herzi (récompensée en tant qu’actrice dans La Graine et le Mulet ou Borgo) avec son troisième film La Petite Dernière, une libre adaptation de l’autofiction de Fatima Daas (Éd. Noir sur Blanc) sur une jeune femme de banlieue musulmane et homosexuelle. Également multicésarisé, Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien ; La Nuit du 12 ) présenta son policier Dossier 137. Léa Drucker y joue une enquêtrice à l’IGPN, la police des polices.
Enfin, Julia Ducournau, palme d’or en 2021 avec Titane , tentera de décrocher l’or une deuxième fois avec son drame Alpha, une évocation de l’épidémie du sida dans les années 1980. En tête d’affiche, Tahar Rahim et Golshifteh Farahani. La cinéaste est une habituée de Cannes depuis son premier long-métrage Grave (2016) qui avait été récompensé du prix FIPRESCI lors de la 55e semaine de la critique.
La belle présence des studios français
Sept films en compétition ont également été produits ou coproduits par un studio français. Parmi eux, Nouvelle Vague, du réalisateur américain Richard Linklater (Before Sunrise), est financé par la société cinématographique tricolore ARP Sélection. Cette comédie raconte la production du long-métrage À bout de souffle de Jean-Luc Godard et la naissance de la Nouvelle Vague.
Coproduit par le studio Arte France Cinema, Renoir est le deuxième film de la réalisatrice japonaise Chie Hayakawa à être présenté Cannes. En 2022, son Plan 75 avait déjà obtenu la Caméra d’or. Ce nouveau drame dépeint l’histoire d’une jeune fille de 11 ans qui doit vivre avec le cancer de son père.
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Deux tricolores dans la section Un Certain regard
Les films français répondent aussi présent dans la sélection Un Certain Regard, qui récompense les réalisateurs émergents. Ce sera Météors, d’Hubert Charuel et de Claude Le Pape (réalisateurs de Petit Paysan en 2017) et L’inconnu De La Grande Arche de Stéphane Demoustier avec Xavier Dolan.
Le premier raconte l’histoire de Mike et Dan, deux jeunes ruraux qui travaillent chez leur meilleur ami, un entrepreneur de BTP. On y retrouve le jeune Paul Kircher, remarqué dans Le Règne animal et Leurs enfants après eux. Le second s’attarde sur l’histoire d’Otto von Spreckelsen, le constructeur de la Grande Arche de la Défense à Paris. Où l’on retrouvera l’ambitieux architecte danois freiné par les aléas de la politique française. Il est interprété par l’acteur Claes Bang, danois lui aussi, notamment applaudi sur la Croisette pour sa performance dans The Square (palme 2017).
À la Quinzaine, la Semaine de la Critique et l’Acid
Les trois sections parallèles du festival, La Quinzaine des Cinéastes, la Semaine de la Critique et l’Acid dénombrent elles aussi plusieurs films français. Pour rappel, la Quinzaine s’intéresse aux cinéastes émergents et ouvre son vote au public, tandis que la Semaine de la Critique se concentre sur les premiers ou deuxièmes longs-métrages. Enfin, l’Acid met en lumière des productions indépendantes qui « bousculent les codes ».
Du côté de La Semaine de la Critique, cinq films réalisés par des Français ont été retenus. Il s’agit de Nino de Pauline Loquès ; Kika, une coproduction franco-belge dirigée par Alexe Poukine qui raconte l’histoire d’une femme enceinte veuve et sans le sou ; ainsi que les courts métrages Donne batterie de Carmen Leroi ; Dieu est timide de Jocelyn Charles et L’mina de Randa Maroufi.
À l’instar de la sélection officielle, La Quinzaine des Cinéastes ouvrira sa cérémonie avec un film français. Il s’agit d’Enzo, le dernier film du regretté scénariste Laurent Cantet, décédé il y a tout juste un an, et réalisé par Robin Campillo. Le cinéaste français avait déjà brillé en 2017 à Cannes en remportant le Grand prix pour 120 battements par minute. Son nouveau long-métrage retrace l’histoire d’Enzo, un jeune sudiste de 16 ans qui travaille dans la maçonnerie contre le gré de son père.
Sur les 17 autres films sélectionnés, six sont mis en scène par des Français. Sont retenus : La mort du poisson d’Eva Lusbanorian, When the geese flew d’Arthur Gay ou encore Classe Moyenne d’Anthony Cordier, une comédie satirique sur un conflit familial en plein milieu de l’été servi par Laurent Laffite - par ailleurs maître des cérémonies de cette 78e édition - Élodie Bouchez et Ramzy Bédia. Mais aussi : L’Engloutie de Louise Hémon, sur une institutrice des Hautes Alpes en 1899 ; Que ma volonté soit faite de Julia Kowalski, qui a des airs de fables féministes ;
ainsi qu’Indomptables de et avec Thomas Ngijol, un policier qui se déroule au Cameroun.
Enfin, la France est défendue par cinq films à l’Acid. On y retrouve La couleuvre noire d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux ; Laurent dans le vent d’Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon ; ou L’Aventura de Sophie Letourneur, qui raconte l’histoire d’un road-trip familial en Italie. En chef de meute, le chanteur et comédien Philippe Katerine. Deux documentaires s’ajoutent à la liste : La Vie après Siham, du franco-égyptien Namir Abdel Messeeh et Nuit Obscure de Sylvain George.
Aux Séances de Minuit, Cannes première et Séances spéciales...
Plusieurs films français ont aussi été nommés dans les catégories parallèles à la sélection officielle. Réalisé par Yann Gozlan (Boîte Noire ), Dalloway, qui réunit Cécile de France et la discrète mais cinéphile Mylène Farmer, sera projeté aux Séances de Minuit. On suit la relation entre une romancière et son son assistante virtuelle, Dalloway. Cette dernière devient de plus en plus intrusive. L’interprète de Désenchantée prête sa voix à l’intelligence artificielle, à la manière de Scarlett Johansson dans Her. Ajoutons que la chanteuse est censée assurer une « performance exceptionnelle » lors de la cérémonie d’ouverture.
Connemara, l’adaptation du livre de Nicolas Mathieu par Alex Lutz, a quant à elle été sélectionnée pour Cannes première. Le réalisateur de Guy met en scène la vie d’Hélène, une quadragénaire qui retourne dans les Vosges. Elle y retrouve Christophe, un ancien camarade de son lycée pour qui elle avait des sentiments. Enfin, on note la présence dans les Séances spéciales du film d’animation Marcel et Monsieur Pagnol de Sylvain Chomet (L’illusionniste) et de Dites-lui que je l’aime de Romane Bohringer. Le premier revient sur la vie et les souvenirs de jeunesse de l’écrivain provençal tandis que le second explore l’enfance de la députée Clémentine Autin.
Une majorité de films français en Hors compétition
Les films diffusés hors compétition sont, eux, en majorité tricolores. On y retrouve La Venue de L’avenir de Cédric Klapish et son casting XXL : Cécile de France, François Berléand, Vincent Pérez, la chanteuse Pomme... L’intrigue balance entre deux époques : 2025 et 1895. Une famille apprend qu’elle hérite d’une maison abandonnée en Normandie et explore à l’occasion sa généalogie. Snobé depuis 1997 par les Césars, Cédric Klapisch n’a pas eu depuis plus d’opportunité à Cannes puisque c’est la première fois qu’il va monter les marches.
Très attendu également, une fiction inspirée de feu la milliardaire Liliane Bettencourt, La femme la plus riche du monde, dirigée par Thierry Klifa (Tout nous sépare). Isabelle Huppert incarnera l’iconique héritière de L’Oréal. Elle jouera aux côtés de Marina Foïs et Laurent Laffite.
Enfin, la comédie dramatique Vie privée de Rebbeca Zlotowski (Une fille facile, prix SACD en 2019) mettra en scène la star américaine Jodie Foster aux côtés de Virginie Efira et Daniel Auteuil. Ce n’est pas la première fois que la comédienne étasunienne tourne dans une production française. En 1977, une Jodie Foster alors âgée de 15 ans avait joué en français dans Moi, fleur bleue d’Éric le Hung. Elle a ensuite été à l’affiche des films Le sang des autres de Claude Chabrol (1984) et Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet (2004).