Vote de confiance du 8 septembre : quels partis ont accepté (ou non) de rencontrer François Bayrou à partir de lundi ?
Une semaine décisive pour convaincre. Le Premier ministre, François Bayrou, va engager la responsabilité de son gouvernement lors d'un vote de confiance de l'Assemblée nationale sur l'état des finances publiques et l'ampleur de l'effort à accomplir en 2026, lundi 8 septembre, avec la très forte probabilité d'être renversé. Avant ça, il déroule une véritable campagne pour ne pas devoir quitter son poste. Après une première adresse aux Français mercredi et une interview dimanche à franceinfo et trois autres chaînes d'information, François Bayrou va recevoir les oppositions. Tous les chefs de parti ont en effet été invités à Matignon pour un entretien avec le chef du gouvernement. La France insoumise et les Ecologistes ont d'ores et déjà refusé de se rendre à ces consultations de la dernière chance. Voici le programme de ces rencontres et les positions affichées par chacun avant de s'y rendre, ou non.
Les Ecologistes et LFI absents
Deux formations de gauche ont refusé de rencontrer le Premier ministre. "Le seul rendez-vous auquel nous participerons est celui qu'il a donné aux parlementaires le 8 septembre, où nous lui refuserons la confiance", ont écrit la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, et les présidents de groupe à l'Assemblée et au Sénat, Cyrielle Châtelain et Guillaume Gontard, jeudi. "François Bayrou n'a jamais ouvert la porte à la discussion avant d'être au pied du mur, et il le fait aujourd'hui en répétant qu'il ne changera pas de méthode ni d'objectif", déplorent-ils. Sur France 2, Marine Tondelier a encore affirmé vendredi que "chaque jour, chaque heure qui nous sépare du départ de François Bayrou doit, pour moi, être utilisé à préparer sa suite."
Pour les insoumis, qui ont aussi décliné l'invitation, ces consultations ne sont qu'un moyen pour François Bayrou de "tenter de sauver sa tête". "Nous n'avons donc nullement l'intention de participer à l'opération de sauvetage que le Premier Ministre tente désormais d'initier. Nous n'irons donc pas à Matignon la semaine prochaine", a écrit, jeudi, le coordinateur national du parti Manuel Bompard, sur X. Son groupe votera "contre la confiance pour faire enfin tomber ce gouvernement", a-t-il ajouté. Jean-Luc Mélenchon a d'ores et déjà annoncé que son parti lancerait une procédure de destitution à l'encontre d'Emmanuel Macron le 23 septembre.
Le PS présent pour "proposer un autre chemin"
Le Parti socialiste a confirmé son intention de se rendre à Matignon, a appris France Inter vendredi. "Nous irons pour lui redire que nous voterons contre la confiance qu'il demandera le 8 septembre à l'Assemblée nationale et que nous proposons un autre chemin et une autre méthode pour sortir le pays de l'impasse dans laquelle les décisions des gouvernements successifs depuis 8 ans, sous la présidence d'Emmanuel Macron, l'ont mené", a commenté Arthur Delaporte, porte-parole du PS.
Vendredi, lors des universités d'été de son parti à Blois, Olivier Faure a déclaré que les socialistes étaient "volontaires pour être les suivants" à Matignon. Se posant ouvertement en alternative, il a mis sur la table "une autre manière de gouverner" avec "l'engagement de ne pas utiliser le 49-3, ce qui mécaniquement nous obligera à trouver des compromis texte par texte". Samedi, le parti a aussi profité de son université d'été, à Blois, pour présenter à ses militants un contre-budget, en réponse au projet de 40 milliards d'euros d'économies ébauché par François Bayrou en juillet.
Le PCF, le RN, Liot et l'UDR reçus, "sans illusion"
Les communistes Fabien Roussel et Stephane Peu seront reçus lundi à 17 heures, sans toutefois voter la confiance. "Le 8 septembre, il faudra faire tomber ce gouvernement", a affirmé Léon Deffontaines, porte-parole du PCF, sur X. "Comment accorder sa confiance à une majorité qui a un tel bilan, qui a fait tant de mal depuis 2017 ? Nous voulons une politique capable de répondre aux urgences sociales, climatiques. Nous voulons un pacte d'avenir pour la France. Nous voulons un autre gouvernement", a aussi asséné le patron du PCF Fabien Roussel sur le même réseau social.
Jordan Bardella et Marine Le Pen représenteront le Rassemblement national dans le bureau de François Bayrou, mardi matin. "A chaque fois que la République nous a convoqués, nous avons répondu à son appel", a déclaré le président du RN, Jordan Bardella, lors d'une visite de la Foire de Châlons-en-Champagne (Marne), samedi. Souhaitant rappeler au Premier ministre les "lignes rouges" du parti, il a dit se rendre à cette rencontre "sans aucune illusion", la qualifiant sur X de "vaine et extrêmement tardive". Le RN préfère plaider pour "le retour aux urnes, par la dissolution ou la démission", et Marine Le Pen a déjà annoncé que ses troupes voteraient contre la confiance au gouvernement. Leurs alliés de l'UDR d'Eric Ciotti, attendus mercredi après-midi, refuseront aussi "catégoriquement d'accorder la confiance à un gouvernement et une majorité qui ont conduit la France sur le chemin de la faillite", a écrit le parti sur X.
Le groupe Liberté, Indépendance, Outre-mer, Territoires (Liot) sera reçu mercredi après-midi après avoir fait savoir que le groupe sera partagé "entre l'abstention et le vote contre" le 8 septembre, a déclaré mardi à France 3, Charles de Courson, membre du groupe et rapporteur général du budget de l'Assemblée. Dans un communiqué, les parlementaires de ce groupe ont dénoncé une méthode "du à prendre ou à laisser".
LR et le bloc central au soutien du gouvernement
Les membres de la coalition gouvernementale se rendront bien à Matignon, mardi après-midi pour Les Républicains (LR), Renaissance et Horizons, et jeudi matin pour l'UDI. Pour LR, le président du parti, Bruno Retailleau, et les présidents de groupe parlementaire, Laurent Wauquiez et Mathieu Darnaud, seront présents, a confirmé à franceinfo l'entourage de Bruno Retailleau, patron du parti et ministre de l'Intérieur. Ce dernier a mis en garde, mardi, contre un vote qui ferait chuter le gouvernement dont il est membre. "Nous sommes entrés au gouvernement pour éviter le chaos et l'extrême gauche, il serait irresponsable de précipiter le pays dans une crise financière majeure dont les conséquences atteindraient d'abord les plus fragiles. Voter pour la chute du gouvernement, ce serait voter contre les intérêts de la France", a dit le ministre de l'Intérieur dans un communiqué. Depuis le mont Mézenc où il faisait sa rentrée politique samedi, Laurent Wauquiez a cependant nuancé la position du parti. "Les Républicains ne doivent pas signer un chèque en blanc à François Bayrou", a lancé le patron des députés LR, rival malheureux de Bruno Retailleau pour la tête du parti.
Chez Horizons, les membres du parti ont décidé de voter la confiance. "La décision a été prise à l'unanimité", a annoncé son président Edouard Philippe, mercredi au micro de BFMTV, souhaitant éviter "une situation financière grave et politique extraordinairement dangereuse". Renaissance votera aussi la confiance au gouvernement. "Avec les députés de mon groupe, nous nous sommes toujours placés dans la logique de chercher le plus de stabilité possible pour notre pays", a expliqué mercredi sur France Inter Gabriel Attal, le président du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée. Il précise n'être pas "d'accord avec toute la copie budgétaire qui a été présentée", mais préférer trouver "une voie pour négocier ce budget".
Alors que la chute du gouvernement Bayrou reste très probable devant les annonces de chaque groupe, la coalition devra se réunir dans un bloc central, a défendu pour la suite Christelle Morançais, vice-présidente d'Horizons, dans L'Opinion. En cas de dissolution, "Horizons, LR, Renaissance, le MoDem et l'UDI devront, cette fois, se présenter unis sous la même bannière et proposer aux Français un CDD de dix-huit mois pour sauver la France, autour de quelques mesures fortes. Édouard Philippe, Bruno Retailleau, François Bayrou, Gabriel Attal et Hervé Marseille devront s'impliquer dans cette campagne, ensemble", a prôné la présidente de la région Pays-de-la-Loire.