Trump reçoit Carney, le nouveau Premier ministre canadien prêt à lui tenir tête

C'est une rencontre qui pourrait s'avérer tendue. Donald Trump reçoit dans le Bureau ovale, mardi 6 mai, le Premier ministre canadien Mark Carney. Une entrevue, prévue pour 11 h 45 locales (15 h 45 GMT) qui sera suivie d'un déjeuner de travail.

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Interrogé sur la chaîne Fox Business sur la possibilité d'un compromis douanier, le ministre américain au Commerce, Howard Lutnick, très fidèle allié de Donald Trump a répondu que ce serait "très compliqué", en décrivant le Canada comme un "régime communiste" qui "se nourrit [aux] dépens" des États-Unis.

"Ce sera une rencontre fascinante", a-t-il prédit.

Le Premier ministre canadien Mark Carney après sa première conférence de presse à Ottawa, le 2 mai 2025
Le Premier ministre canadien Mark Carney après sa première conférence de presse à Ottawa, le 2 mai 2025 © PATRICK DOYLE / AFP/Archives

Il ne faut pas s'attendre à de la "fumée blanche" à l'issue de la réunion, avait averti vendredi le nouveau dirigeant canadien, usant d'une métaphore d'actualité en ces temps de conclave.

Selon lui, l'ancienne relation entre les deux pays fondée sur "une intégration croissante" est "terminée", et il s'agit de savoir comment les deux pays "vont coopérer à l'avenir".

Face à lui, le président américain s'estime en position de force, après avoir suspendu au-dessus du Canada et du Mexique la menace de droits de douane généralisés de 25 %, en plus des taxes sectorielles qu'il a déjà imposées, en particulier sur l'acier et l'aluminium.

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"Très sympathique"

"J'imagine qu'il veut conclure un accord", a dit Donald Trump lundi à propos de son visiteur.

Le président américain Donald Trump répond à une question d'un journaliste dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 5 mai 2025
Le président américain Donald Trump répond à une question d'un journaliste dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 5 mai 2025 © Anna Moneymaker, Getty images North America, archives AFP

La semaine dernière, il avait qualifié le nouveau chef du gouvernement canadien d'"homme très sympathique", un ton incomparablement plus amène que celui réservé à l'ancien Premier ministre Justin Trudeau, pour lequel le milliardaire républicain a une féroce antipathie.

Mark Carney est sorti vainqueur la semaine dernière des élections législatives alors que sa formation, le parti libéral, était il y a encore quelques mois promise à une cuisante défaite. Il a résumé vendredi sa délicate position de négociation.

"Mon gouvernement va se battre pour décrocher le meilleur accord (commercial). Cela prendra le temps nécessaire, mais pas plus", a dit le dirigeant libéral, ancien banquier central rompu à la gestion de crise qui a par exemple tenu le gouvernail de la Banque d'Angleterre dans la tempête du Brexit.

Technocrate sans expérience de campagne, Mark Carney doit en bonne partie son élection à Donald Trump.

Depuis son retour au pouvoir, ce dernier a lancé contre le Canada des attaques commerciales, mais aussi politiques, particulièrement violentes, en répétant que le gigantesque pays était voué à devenir le 51e État américain.

"C’est un moment très important pour (le nouveau dirigeant canadien), puisqu'il a martelé pendant la campagne qu’il pouvait affronter Donald Trump", a expliqué à l'AFP Geneviève Tellier, politologue à l'université d'Ottawa.

Conclure des "deals"

"Cela doit bien se passer pour laisser une chance pour la suite", a souligné la politologue, pour qui le pire scénario serait une altercation publique telle que celle ayant opposé Donald Trump au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans le Bureau ovale.

L'ancien Premier ministre canadien Justin Trudeau lors de son discours d'adieu devant les partisans libéraux, à Ottawa, le 9 mars 2025
L'ancien Premier ministre canadien Justin Trudeau lors de son discours d'adieu devant les partisans libéraux, à Ottawa, le 9 mars 2025 © Dave Chan / AFP/Archives

Le nouveau Premier ministre, au tempérament mesuré et à l'expression prudente, a une personnalité fort différente de celle de l'éruptif président américain, mais aussi de celle, très extravertie, de Justin Trudeau.

Les États-Unis et le Canada sont liés par un accord de libre-échange conclu pendant le premier mandat de Donald Trump, et qui pourrait selon certains analystes être revu.

Mais renégocier le texte serait un processus long et compliqué, peu compatible avec la volonté du président américain de conclure rapidement des "deals" commerciaux spectaculaires.

(AFP)