Election présidentielle anticipée le 3 juin en Corée du Sud

Reprise du processus démocratique en Corée du Sud après la confirmation de la destitution de Yoon Suk-yeol. Le gouvernement "va choisir le 3 juin comme date pour la 21e élection présidentielle sud-coréenne", a annoncé mardi 8 avril le Premier ministre et président par intérim, Han Duck-soo.

Ce jour sera férié pour faciliter la participation au scrutin, a-t-il précisé lors d'une réunion du gouvernement.

La Corée du Sud n'a plus de président titulaire depuis le 14 décembre, date à laquelle l'Assemblée nationale avait voté la destitution du conservateur Yoon Suk-yeol.

Cette décision a été confirmée le 4 avril par la Cour constitutionnelle, ce qui a donné au gouvernement un délai de 60 jours pour organiser une présidentielle anticipée.

Han Duck-soo a expliqué que la décision d'organiser le scrutin le 3 juin, le dernier jour possible, tient compte de "la nécessité d'assurer le bon déroulement des opérations électorales et de laisser suffisamment de temps aux partis politiques pour se préparer".

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Il a demandé aux ministères et à la Commission électorale nationale de "se préparer minutieusement pour garantir une élection plus équitable et transparente que jamais, et qui puisse gagner la confiance du peuple", après des mois de crise politique dans un pays polarisé à l'extrême.

Lee Jae-myung donné grand favori du scrutin

L'élection présidentielle en Corée du Sud ne compte qu'un seul tour. Le vainqueur prendra ses fonctions dès le lendemain, sans la période de transition de deux mois prévue pour une présidentielle ordinaire.

Le chef du Parti démocrate Lee Jae-myung, favori de la présidentielle du 3 juin en Corée du Sud, le 22 mars 2025 lors d'une manifestation à Séoul.
Le chef du Parti démocrate Lee Jae-myung, favori de la présidentielle du 3 juin en Corée du Sud, le 22 mars 2025 lors d'une manifestation à Séoul. © Yasuyoshi Chiba, AFP archives

La campagne électorale officielle se déroulera du 12 mai au 2 juin.

Le grand favori du scrutin est Lee Jae-myung, le chef du Parti démocrate (centre-gauche) qui contrôle le Parlement. Ce dernier, qui avait perdu d'un cheveu face à Yoon Suk-yeol lors de l'élection de 2022, est crédité de 34 % des voix, selon un sondage Gallup, malgré une série d'ennuis judiciaires.

Le ministre du Travail Kim Moon-soo, du Parti du pouvoir au peuple (PPP) de Yoon Suk-yeol, arrive pour le moment deuxième avec 9 % d'intentions de vote.

"Pas d'adversaire digne de ce nom"

Les experts estiment que Lee Jae-myung est désormais est bien placé pour l'emporter.

"Avec une élection si proche, il est difficile de s'attendre à ce qu'un candidat issu d'un parti mis en accusation soit élu président", a observé Lee Jun-han, professeur de politique à l'université nationale d'Incheon. "Les sondages actuels montrent que Lee Jae-myung bénéficie d'un taux de popularité élevé et qu'il est très probable qu'il remporte l'élection, car il semble qu'il n'ait pas d'adversaire digne de ce nom".

Le 4 avril, des millions de téléspectateurs sud-coréens avaient assisté en direct à la lecture du cinglant arrêt de la Cour constitutionnelle démettant Yoon Suk-yeol de ses fonctions pour avoir "violé les principes fondamentaux de l'État de droit et de la gouvernance démocratique".

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Dans la nuit du 3 au 4 décembre 2024, Yoon Suk-yeol avait tenté d'imposer par surprise la loi martiale, envoyant l'armée bloquer le Parlement dominé par l'opposition. Mais un nombre suffisant de députés était parvenu à se réunir afin de faire échouer ce coup de force qui a sidéré le pays.

Yoon Suk-yeol a toujours soutenu que cette mesure était nécessaire pour repousser "les forces communistes nord-coréennes" et "éliminer les éléments hostiles à l'État". Il s'est dit victime d'une "dictature parlementaire" de la part des députés qui torpillaient systématiquement tous les projets du gouvernement, y compris le budget de l'État.

Deuxième destitution dans l'histoire de la Corée du Sud

L'ancien président a également été mis en accusation pour "insurrection", un crime passible de la peine de mort. Arrêté en janvier et placé en détention provisoire, il a été remis en liberté le 8 mars pour vice de procédure. Son procès pénal s'est ouvert en février à Séoul.

Yoon Suk-yeol est le deuxième président à être destitué dans l'histoire de la Corée du Sud après Park Geun-hye, en 2017.

L'éviction de cette dernière avait déclenché des violences qui avaient fait quatre morts. À l'inverse, la destitution de Yoon Suk-yeol n'a été suivie d'aucun incident majeur, grâce à un déploiement policier massif le jour du verdict.

Depuis le début de la crise politique en décembre, la Corée du Sud a dû faire face à plusieurs autres situations de crise, dont une catastrophe aérienne et les incendies les plus meurtriers de son histoire.

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Avec AFP