Russie : dans la région d’Orel, les élèves enceintes recevront 100.000 roubles

Une mesure qui ne passe pas inaperçue. La région d’Orel, dans le centre de la Russie, est devenue la première du pays à offrir des compensations financières pour les élèves qui enfanteraient. Le gouverneur de la région, Andreï Klychkov, a modifié le 20 mars un décret introduit en décembre 2024 dans 40 régions russes, prévoyant de verser aux étudiantes de l’enseignement supérieur au moins 100.000 roubles, l’équivalent de 1100 euros, à toutes celles déclarant une grossesse, a rapporté ce 24 mars le Moscow Times .

Cette initiative, en place depuis le 1er janvier 2025, a donc été élargie dans la région aux filles en âge d’aller à l’école, au collège et au lycée. «Un paiement unique en espèces» est désormais alloué «aux étudiantes à temps plein vivant sur le territoire de la région d’Orel en 2025-2027» et étudiant «dans les établissements d’enseignement général, d’enseignement professionnel et d’enseignement supérieur» dès lors que leur grossesse a été déclarée, rapporte le décret modifié. La formulation de ce dernier laisse donc penser que la condition pour recevoir un tel versement est d’être scolarisée.

Une vague de critique a déferlé dès l’annonce de la mesure. En réponse ce lundi, Andreï Klychkov a accusé les médias d’avoir dramatisé son décret, affirmant que sa région n’était pas la seule à introduire de telles compensations pour les filles en âge d’aller à l’école. Selon lui, le ministère du Travail a demandé à tous les gouvernements régionaux de Russie d’adopter cette mesure. Indiquant «que les jeunes femmes dans de telles situations sont souvent confrontées à des décisions difficiles», le gouverneur estime que «notre responsabilité, compte tenu des circonstances, est de les soutenir, de les aider à préserver la vie de l’enfant et la santé de la mère».

«Mesure de soutien social»

Andreï Klychkov a précisé que pour le moment, aucune fille scolarisée à l’école n’était dans cette situation. «Je vous demande de considérer ce décret comme une autre mesure de soutien social pour les habitants de la région en situation de vie difficile, approuvée au niveau fédéral, et non comme une nouvelle douteuse pour les gros titres», a-t-il conclu.

Cette mesure controversée s’inscrit dans un contexte plus large de lutte contre la crise démographique croissante en Russie, aggravée par l’invasion de l’Ukraine. Le président Vladimir Poutine a donné la priorité à la relance de la natalité, déclarant que les familles de trois enfants ou plus devraient être «la norme», rappelle le Moscow Times.

Parallèlement, les inquiétudes concernant les droits reproductifs s’accroissent. Les autorités russes ont interdit les modes de vie «sans enfant» en les qualifiant d’«idéologie extrémiste», criminalisé la «coercition» à l’avortement et augmenté les allocations de maternité afin d’encourager la natalité.

Le taux de natalité en Russie est en effet tombé à son plus bas niveau depuis 25 ans, tandis que celui de mortalité continue d’augmenter. La région d’Orel, dont la population diminue depuis au moins un quart de siècle, se classe au 23e rang des régions les moins peuplées du pays, avec moins de 700.000 habitants.