Inde : ce que l’on sait sur l’homme reconnu coupable du viol et du meurtre de l’interne en médecine Moumita Debnath dans un hôpital
Après avoir travaillé 20 heures sur un tour de garde de 36 heures, Moumita Debnath faisait une sieste. Elle a été violée et assassinée, en août 2024, comme l’a confirmé l’autopsie. La peine contre l’homme déclaré coupable Sanjoy Roy, sera prononcée, ce lundi 20 janvier.
Les collègues de l’interne en médecine de 31 ans, avaient découvert son corps, le vendredi 9 août, dans une salle de réunion, sur un matelas gorgé de sang, au sein du complexe médical RG Kar de Calcutta, au Bengale-Occidental. Lorsqu’elle est retrouvée, l’apprentie médecin saigne des yeux et de la bouche, et son corps est couvert de lésions aux jambes, aux chevilles, à l’estomac et aux mains. Elle a été déshabillée de façon brutale.
Plus de cinq mois plus tard, un tribunal indien a déclaré, samedi 18 janvier, le supect de 33 ans coupable du viol et du meurtre de la praticienne, un crime qui avait provoqué une onde de choc dans le pays. Sanjoy Roy, bénévole dans l’hôpital où le corps ensanglanté de Moumita Debnath avait été découvert, et arrêté dès le lendemain, avait plaidé non coupable et affirmé être « victime d’un coup monté ».
Des manifestants rassemblés devant le tribunal
Il est arrivé samedi au tribunal de la mégapole de Calcutta, située dans le nord-est du pays, à bord d’un fourgon pénitentiaire. Une foule de manifestants y était rassemblée et un important dispositif policier avait été déployé. « Pendez-le, pendez-le », ont scandé les protestataires.
La famille de la victime, dont l’identité d’aucun des membres n’a été révélée, conformément à la législation indienne en matière d’affaires de violence sexuelle, a également appelé à sa condamnation à la peine de mort.
« Le commun des mortels va perdre confiance dans le système judiciaire s’il n’est pas condamné à la
peine de mort », a déclaré à l’Agence France-Presse la mère de la victime, assise à quelques mètres de Sanjoy Roy lors de l’énoncé du verdict. « Il a brutalement étouffé la vie de notre fille. Il mérite le même sort », a ajouté son père.
Un important mouvement de contestation
Ce drame a déclenché un important mouvement de protestation dans tout le pays. D’importants rassemblements ont eu lieu les rues chaque soir au moment des faits. Une colère, incarnée notamment par les médecins et les femmes.
Suite à ces mobilisations, la Cour suprême a ordonné la création d’un groupe de travail, composé de médecins, chargé de préparer un plan de prévention de la violence dans les établissements hospitaliers, où les conditions de travail sont souvent déplorables.
De plus, le procès a fait l’objet d’une procédure accélérée, le système judiciaire indien étant habituellement lent. Les plaidoiries se sont terminées il y a moins de dix jours. Dans les semaines qui ont suivi ce crime, l’attitude des autorités locales et la conduite de l’enquête ont fait l’objet de vives critiques. Ainsi, le chef de la police de Calcutta et plusieurs responsables des services de santé régionaux ont été démis de leurs fonctions.
Quelque 90 viols ont été recensés chaque jour en 2022 dans le pays le plus peuplé de la planète avec ses 1,4 milliard d’habitants, mais un grand nombre d’entre eux n’auraient pas été signalés.
D’ailleurs, l’ampleur du mouvement de protestation rappelle celui de 2012, quand Jyoti Singh, 23 ans, avait été kidnappée à bord d’un bus par plusieurs hommes. La jeune femme avait subi des sévices qui vont au-delà de l’entendement, avant d’être jetée au bord de la route et de mourir de ses blessures, deux interminables jours plus tard. Cette affaire avait poussé l’exécutif à durcir les lois en termes de violences sexuelles et sexistes.
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