Suspension de la réforme des retraites: les syndicats se réjouissent d’un «signal positif» et veulent aller plus loin

Élisabeth Borne serait-elle en passe de devenir le chevalier blanc des syndicats ? Après avoir mené la réforme des retraites de 2023 contre la forte mobilisation de la rue, l’ancienne première ministre, désormais ministre de l’Éducation démissionnaire, a ouvert la porte à la suspension de la réforme des retraites.

«Je pense qu’on ne doit pas faire de cette réforme des retraites un totem, a-t-elle déclaré dans Le Parisien. Et si c’est la condition de la stabilité du pays, on doit examiner les modalités et les conséquences concrètes d’une suspension jusqu’au débat qui devra se tenir lors de la prochaine élection présidentielle.»

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Ni une ni deux, les syndicats n’ont pas manqué de réagir. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT y voit «un signal positif». «La réforme des retraites est une blessure démocratique profonde, sa suspension et le renvoi en 2027 pourraient commencer à la réparer», a-t-elle ajouté. Son homologue de la CGT Sophie Binet a considéré «cette volte-face» d’Élisabeth Borne comme «un aveu : la réforme des retraites est un échec». «Nous l’avons dit depuis le début : la seule issue à cette crise, c’est l’abrogation pure et simple de ce texte injuste», a ajouté la leader syndicale.

14 journées de mobilisations et un conclave plus tard

Pour les organisations de salariés, cette première étape de la suspension de la réforme pourrait toute de même sonner comme une petite victoire. En 2023, les quatorze journées de mobilisations n’avaient pas dissuadé le gouvernement d’Élisabeth Borne de passer en force en utilisant le 49.3 pour légiférer sur les retraites et porter progressivement l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. En début d’année, le conclave des retraites imaginé par François Bayrou avait peu à peu glissé vers un échec des négociations entre syndicats et patronat alors que Force ouvrière et la CGT avaient claqué la porte des discussions après que François Bayrou eut écarté tout retour sur l’âge légal.

«Ne nous trompons pas, c’est la situation actuelle qui fait que c’est une volte-face pour sauver le gouvernement quel qu’il soit, reste prudente Pascale Cotton, vice-présidente de la CFTC en charge des sujets retraite. Il ne faut pas se tromper. Ce n’est pas pour faire plaisir aux salariés ou aux futurs retraités, c’est parce qu’ils sont dans une situation totalement catastrophique.»

Avec cette suspension, les syndicats espèrent avoir le temps de reprendre les négociations pour modifier la réforme. Reste maintenant à savoir si l’exécutif sautera le pas. Le premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu a demandé à Bercy d’étudier l’impact d’une suspension de la réforme des retraites, il y a déjà une quinzaine de jours selon Le Parisien. Roland Lescure, le ministre démissionnaire de l’Économie, interrogé ce mercredi matin sur France Inter, une suspension de la réforme des retraites, coûtera «des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027.»