Droit d’asile suspendu en Grèce : 72 ONG appellent au respect du droit européen
Amnesty International, Save The Children, Human Rights Watch… 72 ONG ont appelé ce mercredi 16 juillet au retrait immédiat de la suspension du droit d’asile décidée par le gouvernement grec. Au cœur d’un projet de loi porté par le premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis et voté par le parlement le vendredi 11 juillet, cet amendement met en place la suspension pendant trois mois de toute nouvelle demande d’asile pour les personnes arrivant en Grèce depuis l’Afrique du Nord. Il implique aussi l’expulsion immédiate et sans enregistrement des nouveaux arrivants. Une mesure qui vise principalement la Libye, d’où 7 000 réfugiés sont partis en 2025 avant de débarquer en Grèce sur la minuscule île de Gavdos.
« Le droit de demander l’asile et la protection contre le refoulement est un principe fondamental qui ne peut être restreint », ont communément commenté ces ONG. Outre le rappel des principes humanistes de base, celles-ci ont aussi demandé « le retrait immédiat de cette disposition législative », illégale au regard du droit européen. Effectivement, selon les articles 18 et 19 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne – document d’une valeur juridique égale à celle des traités – le droit d’asile est garanti dans chaque État membre de l’UE, et la Grèce ne fait pas exception.
Une crise migratoire depuis 10 ans
Peu avant l’adoption de la loi, Markus Lammert, porte-parole de la Commission européenne, déclarait être « en contact étroit avec les autorités grecques », précisant que « l’UE allait examiner la décision » une fois adoptée par le parlement hellène. Sans plus de nouvelles de la Commission européenne, la coalition d’ONG l’a exhorté à « prendre des mesures urgentes pour mettre fin à cette violation, conformément à ses responsabilités en vertu des Traités ».
Depuis dix ans, la Grèce fait l’objet d’une crise migratoire. Sa politique en la matière, toujours plus punitive, donne parfois des idées au sein de l’UE : en 2021, Gérald Darmanin s’était grandement réjoui de l’inauguration des centres de rétention pour demandeurs d’asile en Grèce. La suspension temporaire du droit d’asile est une brèche de plus dans le respect des droits humains à l’échelle internationale et notamment européenne, dans laquelle certains sont prêts à s’engouffrer. Il y a deux ans, la Cimade pointait du doigt « la démission morale de l’Europe » au sujet du désastre humain que continue de causer la crise migratoire européenne.
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