« T’en reveux peut-être une, que je te remette la mâchoire droite ? » : Ce qu’il faut savoir sur le procès des policiers de la BRAV-M jugés pour violences et menaces sur deux manifestants
Parmi d’autres insultes et menaces, on peut entendre dans les enregistrements : « T’en reveux peut-être une, que je te remette la mâchoire droite ? » Pour un ensemble de déclarations de ce type et également pour des coups portés en marge d’une manifestation spontanée contre l’adoption de la réforme des retraites dans la nuit du 20 au 21 mars 2023, à Paris, deux policiers de la BRAV-M, la brigade de répression de l’action violente qui intervient durant les manifestations parisiennes à moto, comparaissent au tribunal judiciaire de Bobigny (Seine-Saint-Denis), ce jeudi 3 avril.
Ils sont accusés de faits de violences par personne dépositaire de l’autorité publique et menaces de violences réitérées envers un étudiant tchadien. Les associations SOS Racisme, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) se sont constituées partie civile pour ce procès.
Huit autres policiers comparaissent via le mécanisme de citation directe
De plus, huit autres policiers de la brigade, dont seuls sept sont présents à l’audience, comparaissent sur demande de l’étudiant tchadien, Souleyman S., et d’une autre étudiante, arrêtée elle aussi à Paris, via le mécanisme de citation directe qui permet à un plaignant de saisir directement le tribunal. Ces policiers sont accusés de violences en réunion à caractère raciste et sexiste par personne dépositaire de l’autorité publique et également complicité d’agression sexuelle, l’étudiant tchadien accusant un des agents d’agression sexuelle.
« Le parquet ne poursuit que deux personnes alors que d’autres avaient commis aussi des violences, des injures, et que finalement, tout l’équipage de la BRAV-M présent ce jour-là participe, peu ou prou, aux actes de violences à caractère raciste », a affirmé Maître Arié Alimi pour expliquer la motivation des citations directes.
En effet, le seul homme noir du groupe de jeunes, est particulièrement visé par les policiers de la BRAV-M. Le contenu des propos, discrètement enregistré par l’un des membres du groupe, a été envoyé quatre jours plus tard dans les médias. « Si tu veux je te prends tout seul », a lancé au jeune homme un des policiers, Thomas C.
« On en a cassé des coudes et des gueules, et toi, je t’aurais bien pété les jambes »
« T’as tellement de chance, parce que je te jure que tu repartais sans tes genoux. » a-t-il continué. « On en a cassé des coudes et des gueules, et toi, je t’aurais bien pété les jambes », « la prochaine fois qu’on vient, tu monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un truc qu’on appelle ambulance pour aller à l’hôpital… » a-t-il ajouté.
Son collègue, Pierre L., 26 ans, auquel il est également reproché d’avoir porté à deux reprises des coups au visage du plaignant, a lancé à Souleyman S : « Tu la fermes ou t’en reveux une ? Tu en reveux peut-être une pour te remettre la mâchoire droite ? »
Il a ensuite proféré des insultes homophobes : « Moi tu sais je peux venir dormir avec toi si tu veux. C’est le premier qui bande qui encule l’autre. » Une autre membre du groupe, a elle aussi été violentée, menacées et insultée et a souhaité se porter partie civile. L’avocat Arié Ailimi avait assuré, au moment où il avait demandé un report d’audience, vouloir « porter un coup d’arrêt aux exactions de la BRAV-M ». Après l’envoi de cet enregistrement dans les médias, le préfet de police Laurent Nuñez s’était dit « très choqué », jugeant « inacceptables » ces propos qui, « déontologiquement, posent des problèmes très graves ».
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