Paris, 9h du matin. Dans un café parisien bondé du 5e arrondissement, la campagne de Michel Barnier bat son plein. Dix-neuf jours seulement avant le 1er tour du scrutin législatif partiel prévu dans la deuxième circonscription de Paris, l’ex-premier ministre s’affiche avec Édouard Philippe, en présence de la maire Florence Berthout.
Le soutien du président d’Horizons est apprécié. Le candidat ne manque pas de rappeler que les partenaires d’Horizons sont ceux du socle commun qui furent les plus constants et « impeccables », durant les trois mois de pilotage du gouvernement qui lui fut confié, de septembre à décembre 2024. Édouard Philippe accueille le compliment avec un sourire et le prend comme le « constat d’une cohérence ». Il rappelle qu’en 2022, au lendemain des élections législatives qui avaient donné une majorité relative de 250 députés environ à Renaissance, Horizons et le Modem, il avait dit « publiquement » et « probablement un peu seul » dans son camp », qu’il était indispensable de créer une coalition avec les LR. « Les LR à l’époque n’en voulaient pas. Celui qui tenait le manche, c’était Éric Ciotti et j’ai mieux compris ensuite pourquoi il n’en voulait pas, mais chez Renaissance et peut-être ailleurs, les gens n’en voulaient pas non plus ». Édouard Philippe assure que son groupe « restera aligné sur cette ligne ». À six jours d’un vote de confiance incertain, Édouard Philippe pointe une urgence budgétaire et Michel Barnier, la nécessité de « travailler pour l’intérêt national ».
Passer la publicitéLe PS dans le viseur
La gauche apparaît comme le premier adversaire du match, avec l’ex-ministre PS Frédérique Bredin en lice. Michel Barnier n’ignore pas les flèches déjà lancées par sa concurrente. « Elle est candidate du Parti socialiste avec le soutien de LFI et j’ai juste été un peu étonné qu’elle m’attaque sur l’échec gouvernemental que je représenterais alors que c’est son parti qui l’a provoqué, confie-t-il, en refusant de passer son temps à « commenter les attaques minables de Mme Bredin ».
Si LFI n’a pas encore annoncé son soutien à Bredin, l’ex-premier ministre considère que l’absence d’Insoumis dans la course en est un. De son côté, croit-il pouvoir compter sur le soutien de Renaissance dans cette élection, alors le parti présidentiel ne l’a toujours pas formulé officiellement ? « On ne va pas répondre pour eux mais oui, je le pense. Les élus et les militants de Renaissance sont là », répond-il, assurant que des échanges existent avec le secrétaire général du parti, Gabriel Attal.
Florence Berthout, maire Horizons et suppléante de Michel Barnier, est confiante. « Objectivement, il est très bien accueilli parce que les gens perçoivent un vrai engagement et une authenticité », assure-t-elle. Sur le marché de la rue Monge, Jacqueline, une électrice de gauche, s’avoue séduite par le tandem et prévoit de réfléchir avant le vote du 21 septembre. La maire du 5e arrondissement admet que le risque d’une dissidence Dati aurait compliqué les choses. Michel Barnier salut une « clarification », après un « malentendu ».
À la lumière du « trouble général » qu’il perçoit dans le pays, le Savoyard « comprend » les divergences sur la ligne à tenir exprimées à droite avant le vote de confiance. Il sait que les tensions nationales, illustrées par la colère, exprimée vigoureusement par un maraîcher mercredi durant le tractage, sont une réalité. Mais face au chaos, Michel Barnier continue de croire que la position de « responsabilité » tenue par Bruno Retailleau à la tête des LR est la plus « logique ». « Nous sommes dans ce socle qui soutient le gouvernement de François Bayrou de manière lucide et les yeux ouverts ».
Mais pourquoi les parlementaires LR ne choisiraient-ils pas l’abstention lundi, comme le préconise Nicolas Sarkozy dans les colonnes du Figaro. « On ne s’est pas abstenus d’être au gouvernement !. Il y a une cohérence sinon les gens ne comprennent plus rien », répond-il, même s’il considère qu’une « nouvelle page » va s’ouvrir lundi. Quant à la démission d’Emmanuel Macron, réclamée de manière croissante, y compris au sein du personnel politique à droite, le candidat de la 2e circonscription met en avant son engagement gaulliste et son attachement aux institutions de la Ve République. « Je ne vais pas moi-même les fragiliser et fragiliser celui qui est le chef de l’État, quels que soient les problèmes qui se posent », martèle-t-il. Mais Michel Barnier, tourné vers 2027, s’empresse de préciser un dernier point: « Il est clair que la nouvelle dynamique dont la France a besoin commencera par l’élection d’un nouveau président et d’une majorité absolue qui l’accompagnera. Celle-ci ne sera pas donnée par le ciel. Il faudra la construire».