Municipales 2026 : à Lyon, Jean-Michel Aulas, superstar des sondages

La vague pour le climat a porté les écologistes au pouvoir à Lyon en 2020 et balayé l’ancien maire Gérard Collomb. Mais un peu plus de cinq ans plus tard «le dernier mandat pour le climat», comme ils l’avaient nommé, pourrait bien être le seul. Car entre Rhône et Saône, flotte depuis la fin de l’été comme un air de fin de règne. Sans adversaire jusqu’à début 2025, la gauche unie a survolé toutes les élections intermédiaires dans la capitale de Gaules. Jusqu’à l’apparition de Jean-Michel Aulas au printemps. Encore incertaine, la candidature de l’ancien président de l’Olympique lyonnais n’inquiétait pas grand monde chez les écolos, qui, un sourire en coin, s’amusaient à l’imaginer porter l’écharpe tricolore. «Vous voyez vraiment Jean-Michel Aulas inaugurer une crèche un lundi matin ?», raillaient certains.

Aulas à 47% au 1er tour, 61% au second

Puis les premiers sondages ont placé le chef d’entreprise au même niveau que Grégory Doucet avant l’été avant de le tester à 47% à l’automne, plus de 20 points devant l’édile sortant. Ce vendredi, une nouvelle enquête d’opinion Ifop-Fiducial pour Lyon Capitale a de nouveau donné Aulas à 47% au premier tour et 61% au second contre 27% et 31% pour la majorité actuelle. «Ils n’ont pas pris la mesure du phénomène Aulas», analyse l’entourage de «JMA».

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Une impréparation, presque une suffisance, à l’image d’un mandat durant lequel l’exécutif a déroulé son programme sans écouter les critiques, celles de ses partenaires y compris, persuadé d’être dans le juste. «Nos politiques ont pu être perçues comme étant qu’à destination d’une seule partie de la population, avec un ton un peu culpabilisant qui laissait entendre : "On sait ce que l’on fait, vous le comprendrez plus tard"», concède un élu de la majorité. Rarement un maire n’avait autant bousculé le quotidien des Lyonnais, frappant chaque coup de pioche du sceau du bon sens et de l’urgence écologique. Bouchons, travaux, piétonnisation du centre-ville, l’édile a concentré les reproches, jusqu’à recueillir plus de 57% de désapprobation lors d’un sondage Verian en octobre, malgré une large majorité de ses politiques publiques validées par les Lyonnais.

Privilège du sortant, Grégory Doucet avait prévu d’entrer en campagne au plus tard à la rentrée 2026. Mais pressé par ses partenaires politiques, une première déclaration commune a eu lieu début novembre. Une conférence de presse organisée à la va-vite, deux jours après un entretien au journal local Le Progrès dans lequel le maire expliquait pourtant que le «temps de la campagne n’était pas venu». «On sent une impréparation, un manque de séquençage, deux semaines après cette annonce, ils n’ont rien lancé de nouveau», abonde un observateur de la vie politique locale. «Ça faisait 15 jours que je poussais pour entrer en campagne. La dynamique chez Aulas ne pourra pas s’enrayer toute seule, et il ne faut pas compter sur des erreurs de sa part», commente la députée PS Sandrine Runel.

«Libérez-nous !»

Pour le moment, l’ancien patron de l’OL en fait peu. Si ses premières propositions ont peiné à convaincre (gratuité des transports, médiateurs et psychologues de rue), même jusque dans son camp, «JMA» s’appuie sur sa notoriété pour écraser la campagne. Sur le terrain, ses équipes décrivent un «accueil incroyable». «Je n’ai jamais vu ça ! Même dans des secteurs a priori moins favorables, les retours sont excellents. C’est la première fois que la réalité des sondages colle exactement avec la réalité du terrain», s’enthousiasme Pierre Oliver, le maire LR du 2e arrondissement. Il n’est pas rare d’entendre des «Libérez-nous », «Sauvez-nous» raconte Thomas Rudigoz, ancien député LREM de Lyon engagé auprès d’Aulas. «C’en est presque gênant. Mais ça montre que Jean-Michel active la rhétorique de l’homme providentiel qui fonctionne très bien en France», admet un proche du chef d’entreprise.

L’élection lyonnaise a tout de l’idéal-type de la campagne perdante pour les Verts : un maire sortant contesté, une majorité qui s’élancera divisée en trois et face à elle un candidat à la notoriété écrasante qui unit l’opposition. Gautier Chapuis, adjoint au maire de Lyon, se veut toujours positif : «L’élection est encore loin. Les gens sont préoccupés par ce qui se passe au niveau national. Tout va s’accélérer en janvier et février. En 2019, les sondages ne reflétaient pas ce qu’il s’est passé durant le scrutin de 2020. Aulas a la notoriété mais nous, on va faire campagne avec des propositions. J’ai hâte que l’on soit sur une confrontation d’idées, parce que c’est ce qu’il y a de plus sain en démocratie».

Mais y aura-t-il confrontation ? Hors quelques séquences savamment orchestrées, le candidat Aulas devrait se faire rare jusqu’au sprint final. Son programme complet sera lui annoncé «au plus tard après les vacances de février», soit trois semaines avant le scrutin, privant ainsi ses concurrents d’angles d’attaques. «Sans adversaire, ça va être compliqué pour nous de combattre le vent», admet un cadre socialiste. Une voie royale pour Aulas ?