« Des familles entières, des femmes isolées, des retraités à la rue… Ce n’était pas concevable il y a quelques années » : à Paris, reportage avec l’association « Réchauffons nos SDF »
Ce samedi 18 janvier, les températures sont glaciales place de la République à Paris mais cela n’a pas suffi à décourager la belle chaîne de solidarité montée par l’association « Réchauffons nos SDF ».
Accompagnée de nombreux bénévoles dont des salariés de la société d’assurance mutuelle Groupama mais aussi de jeunes joueurs du club de football de Vincennes, la présidente de l’association, Sarah Frikh, avait organisé une distribution de denrées alimentaires et de vêtements d’occasion pour les personnes SDF.
Toujours plus de personnes SDF
« Aujourd’hui vous avez des familles entières, des femmes isolées avec enfants, des retraités dans la rue, ce qui n’était pas concevable il y a encore quelques années », alerte la maraudeuse. « Notre travail essentiel reste la stabilisation et la mise à l’abri des personnes les plus vulnérables grâce aux dons des citoyens sur les réseaux sociaux », tient à préciser Sarah.
Maraudeuse depuis 16 ans, Sarah consacre énormément de temps aux oubliés de la société. En 2017, elle avait également lancé une pétition pour réclamer des centres d’accueil pour les femmes, spécifiquement gérés par des femmes, en raison des violences dont elles sont souvent victimes.
D’après les dernières estimations de la Fondation Abbé Pierre publiées en 2024, le nombre de personnes sans domicile fixe en France a doublé en dix ans, atteignant environ 330 000 personnes sans abris et 4 millions de mal logés.
Des profils de SDF différents
Marina, sans abri depuis 3 ans, nous rappelle aussi que la rue est particulièrement dangereuse pour les femmes seules. « Un loyer, c’est 560 €… C’est le prix de mon RSA donc si je ne suis pas en couple, je reste dehors en tant que femme », précise avec émotion la jeune fille de 24 ans. L’association a décidé de la mettre à l’abri en réalisant un appel aux dons afin de lui financer une chambre d’hôtel et de l’aider dans ses recherches d’emploi. « Je n’ai rien à faire dans la rue et j’ai pour projet de réussir mon concours d’aide soignante », souligne avec volonté Marina.
Présent à la maraude en tant que bénévole, Olivier, âgé de 48 ans est sorti de la rue il y a un an, grâce à l’association. Après avoir vécu un an dans le bois de Vincennes, il est aujourd’hui éboueur en intérim et vit dans son logement situé dans le 13e à Paris. « L’association a tellement fait pour nous aider que c’est normal d’être là pour participer à notre tour. Si quelqu’un peut s’en sortir, d’autres peuvent y arriver », souligne le bénévole.
Christian, SDF durant 10 ans, a enfin obtenu son appartement depuis 5 mois et reste très critique sur la politique sociale en France. « On ferme des places d’hébergement d’urgence, on arrête de construire du logement social et la situation empire de jour en jour », nous explique Christian avant de préciser : « Le soutien des associations est quasiment vital »
Après quelques heures passées sous la statue de la République, les bénévoles et les sans-abri se quittent, avec le plaisir d’avoir passé un bon moment et pallier durant quelques heures aux défaillances du système.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
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- En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
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