C'était un défilé de stars, hier après-midi, au Musée Rodin, pour le premier « grand » show de cette Fashion Week parisienne. Qui pour réunir au premier rang Brigitte Macron accompagnant la reine de Norvège, les Françaises Yseult, Aya Nakamura, Laetitia Casta et Isabelle Adjani, la vedette de K-pop Jisoo, l'Espagnole Rosalia et les Américaines Natalie Portman et Jennifer Garner ? Dior bien sûr. Depuis les derniers JO, la maison de l'avenue Montaigne est plus que jamais au centre de la carte, faisant s'emballer les réseaux sociaux en habillant Lady Gaga sur la Seine, Aya Nakamura aux Invalides et, bien sûr, Céline Dion en haut de la tour Eiffel lors de la cérémonie d'ouverture retransmise en mondovision !
Au centre de la tente plantée dans les jardins, une structure abrite un couloir d'archer, une cible à l'extrémité. Une allégorie olympique ? Pas du tout, il s'agit d'une performance de l'artiste Sagg Napoli, de son vrai nom Sofia Ginevra Gianni, qui se sert du tir à l'arc pour questionner l'hyperféminisation de notre société… Comme souvent, le point de départ de la collection de Maria Grazia Chiuri, la directrice artistique, est une robe du fondateur. Bap tisée Amazone, cette « robe d'après-midi » en lainage noire de l'hiver 1951-1952 rappelle par sa construction, le basculement des robes d'antan quand ces dames montaient à cheval. La Romaine tire, ici, le fil de l'iconographie de cette cavalière qui a marqué l'histoire antique comme l'histoire de l'art, en passant par la culture populaire avec Wonder Woman, amazone de comic books. « Cette figure féminine conquérante, indépendante a imprégné des générations de femmes, explique Maria Grazia Chiuri la veille de son show dans ses bureaux. Il y a toujours cette idée que pour être puissante, une femme doit renoncer à sa féminité. Cette collection démontre que rien n'est moins vrai à l'image de la performance de Sagg Napoli. »
Amazone de Comic Books
Sur le podium, s'avancent les mannequins en body noir au décolleté asymétrique. Dans le dos, une grande besace souple en cuir Cannage ou toile Oblique épouse la forme du corps. Puis des tailleurs, des costumes, des robes chemises, des trenchs, des sorties-de-bain en maille à l'épaule découverte. La veste Bar nouvelle génération s'enfile sur un large pantalon de survêtement en maille bordé d'un logo Dior à bandes datant de 1971. Le dernier Lady Dior transformé en pochette matelassée de cuir souple (futur best-seller ?) se porte les mains libres, tout comme le Saddle et sa forme équestre, qui accessoirise à merveille les jupes portefeuille à franges de pampilles et de perles de ces guerrières.
Passe une série de robes du soir drapées asymétriques en maille de soie à tomber. « Le vestiaire du soir est un territoire à part dans la garde-robe féminine, reprend la créatrice. Il est souvent très rigide et incommode. Comme dans mes collections haute couture mais dans un autre genre, j'aime exploiter les contraintes de ce type de vêtements pour les rendre plus confortables, plus adaptés à la vie actuelle des femmes. » Et c'est bien là tout le talent de l'Italienne : injecter du mouvement et de l'aisance dans les « carcans » de la femme fleur du fondateur, faire du Dior avec un certain réalisme en somme. « Je ne pourrais pas créer un vêtement qui ne s'intègre pas dans la vie d'une femme, poursuit-elle. Comment j'arrive à faire rentrer des ronds dans des carrés ? Je suis aussi têtue. En italien, nous disons “cocciuta, testa dura” ! »