Manifestations anti-RN : jusqu'à 350 000 personnes attendues samedi dans les rues de France

« La mobilisation sera au-delà de ce que l'on imaginait. Cela va être un samedi très chaud » : pour ce haut responsable de la police, la fièvre anti-RN et anti Bardella va encore augmenter d'un cran. Selon nos informations, les services de renseignement prévoient pas moins de 150 « actions » ce samedi à travers la France, qui devraient fédérer entre 200.000 et 250.000 participants. Si l'on rajoute les 50.000 à 100.000 manifestants appelés à battre le pavé parisien, ce sont bien donc jusqu'à 350 000 personnes qui pourraient descendre dans la rue pour rejoindre des cortèges assez structurés.

« À la différence des rassemblements spontanés que l'on a connus depuis le début de la semaine et qui avaient réuni jusqu'à 40.000 personnes lundi dernier, les défilés ont été pour la plupart déclarés et seront très organisés », prévient un analyste du ministère de l'Intérieur. Les cortèges vont se former à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FSU etc), mais aussi des partis de gauche et des associations des droits de l’homme, qui n'ont aucun intérêt à ce que cela dérape. Mais rien n'est moins sûr. « Si la société civile va manifester son mécontentement, des éléments radicaux, des « antifas » et bien sûr des black blocs vont être au rendez-vous pour faire dégénérer les cortèges en fin de manifestation », prévoit un policier de haut rang, qui redoute « une configuration proche de celle rencontrée lors des violentes manifestations contre la réforme des retraites ».

Une occasion de se lâcher

Entre janvier et juin 2023, des centaines de milliers de personnes avaient crié leur colère dans la rue avant que le mouvement s'enfonce dans la violence, occasionnant des scènes de saccage et nombreux blessés dans les rangs de forces de l'ordre. « Cela risque d'être le grand défouloir et, pour la foule en colère, une occasion de se lâcher, de dire sa rancœur », souffle un commissaire parisien. « En province et dans la capitale, les casseurs vont guetter le moindre espace laissé par les policiers et les gendarmes, mais aussi par les services d'ordre des syndicats qui tiendraient moins leur cortège, pour s'infiltrer dans les défilés et passer à l'action », assure un stratège de l'ordre public qui a prévu de « déployer du bleu » pour endiguer les violences.

Comme à chaque fois, les petits soldats de l'ultra gauche vont essayer de cibler les symboles du capitalisme, les banques et les assurances, faire voler en éclats les vitrines des commerces et s'en prendre aux forces de l'ordre. « Nous craignons aussi pour les permanences de partis politiques qui se trouveront à proximité des cortèges », souffle au Figaro un cadre du renseignement. Car, si le RN et Jordan Bardella sont dans le viseur, des mots d'ordre hostiles devraient être lancés à l'encontre d'Emmanuel Macron, assimilé à épouvantail, mais aussi de la police, en tant que symbole de l'autorité régalienne.

Outre Paris, les services de renseignement craignent des débordements à Rennes, Nantes mais aussi à Strasbourg, Toulouse, Dijon et Grenoble. Autant de bastions traditionnels de l’ultragauche qui surfent sur toutes les colères. Des heurts pourraient se produire aussi à Lyon mais plutôt dimanche, car ce samedi a déjà été préempté par une manifestation propalestinienne. Pour l'heure, ni les lycéens, encore à l'école, ni les banlieues, pour l'instant hermétiques aux discours sur la « bête immonde », ne semblent vouloir rejoindre le mouvement. L'ultra droite, quant à elle, ne prévoit aucune contre-manifestation pour éviter d'être pointée du doigt comme faisant partie des fauteurs de troubles. Après ce samedi qui fera figure de test, il restera deux week-ends avant le premier tour des élections législatives. Et les forces de l'ordre serrent les dents, en redoutant le pire des scénarios à la veille des jeux olympiques.