«Libérez les otages !» : à Paris, une lueur d’espoir chez les manifestants en soutien aux 47 otages encore aux mains du Hamas

Place de la République. 14 heures pétantes. Leur requête, clamée en boucle et à l’unisson, tient en trois mots : «Libérez, les otages !». Elle vient du cœur. Bientôt deux ans qu’ils se réunissent tous les vendredis et à l’occasion de rassemblements hebdomadaires en soutien aux proches des otages du Hamas. Avant le début de la procession, nombreux se saluent, se serrent la main, habitués à se voir régulièrement pour protester. «On veut évidemment commémorer les deux ans du 7-Octobre», indique Jean-David Ichay, président de l’association Tous 7-Octobre, à l’origine du rassemblement de ce dimanche 5 octobre. «On tombe dans une actualité très chargée avec cet accord qui apparaît imminent. C’est donc avec un grand espoir qu’on aborde la marche», souffle-t-il, espérant «que c’est la dernière qu’on organise pour la libération des otages».

Et les participants sont de son avis. «C’est la dernière !», se lancent deux d’entre eux en se prenant dans les bras, avant de se placer pour processionner. L’émotion est palpable, se lit sur les sourires emplis d’espoirs et au travers des longues embrassades. Mais en attendant que les dignitaires américains, israéliens et du Hamas, qui sont réunis au Caire pour établir la paix, tombent d’accord, les manifestants sont là. Et ils sont nombreux, sous les rayons du soleil qui réchauffent le fond d’air frais. Barbara, engagée dans l’association Tous 7-Octobre depuis l’attentat terroriste du Hamas, constate : «Il y a beaucoup, beaucoup d’espoir. Avec mes camarades, on y croit plus que jamais et on espère qu’enfin, le plan de Trump va aboutir et qu’enfin, ils vont tous revenir à la maison.»

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Jusqu’à «40.000» personnes

La bénévole annonce que «jusqu’à 40.000 personnes» sont attendues. Une autre précise que 17 collectifs et associations participent à la procession. «Et il y a beaucoup de jeunes, des collectifs féministes», comme Women United for Peace (les Femmes Unies pour la Paix), l’UEJF et l’ULJF (Unions des étudiants et lycéens juifs de France) ou encore Action Avocats.

Yves, grand habitué des mobilisations pour réclamer la libération des otages, «a bon espoir que les négociations aboutissent et qu’il y ait enfin une libération des otages, un démantèlement et une démilitarisation du Hamas». Seule option, selon lui, pour qu’il y ait enfin «la paix dans cette région». Le quinquagénaire observe une mobilisation «importante» ce dimanche et se dit «satisfait». Il espère toutefois qu’Emmanuel Macron entendra «la peur grandissante des Français juifs qui se sentent abandonnés du pouvoir». Sarah abonde dans son sens : «L’antisémitisme est grandissant, on ne se sent plus en sécurité, alors qu’on est avant tout Français.» Mais aujourd’hui, elle préfère se concentrer sur la possibilité d’une paix au Moyen-Orient. «On a toujours cru en la paix, jusqu’au bout on y croira», parce qu’«il faut que les otages rentrent et qu’ils soient réunis avec leurs proches qui ont trop souffert.»

Jody, jeune femme de 16 ans et membre de l’ULJF, est de l’avis général. «Je pense que cette fois-ci, c’est différent. Même s’il faut encore que le Hamas accepte.» Elle ajoute : «Il ne faut pas oublier que c’est une organisation terroriste, que ce sont des barbares et qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver». Edith, qui participe à tous les rassemblements organisés tous les vendredis depuis deux ans, reste aussi prudente. «J’attends de voir. La prise d’otages terroriste est un piège absolu, surtout du Hamas», déclare, la voix tremblante d’émotion, l’octogénaire.« Le seul petit espoir est de voir la population française dans son ensemble se distinguer des prises de position de celui qui est censé nous représenter (Emmanuel Macron, NDLR), et qui ne fait que salir l’honneur de la France».

«Ça peut enfin aboutir»

Le cortège s’élance de la Place de la République un peu après 14 heures. Les milliers de participants brandissent des pancartes avec des photos des otages ou des drapeaux français et israéliens, sur lesquels ont été ajoutés des rubans jaunes - symbole des otages israéliens - également accrochés sur les manteaux. Il y a des dizaines d’enfants. Certains ont enroulé le drapeau israélien sur leurs épaules. Les manifestants s’égosillent : «Akhshav!» (Maintenant !) ou encore «Hamas, terroriste !», quand ils n’appellent pas à «libérer les otages».

Plusieurs personnalités sont présentes en tête de cortège, derrière une banderole floquée de l’inscription «We are waiting for you» («Nous vous attendons»). Parmi elles, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Yonathan Arfi, le philosophe Raphaël Enthoven ou encore la députée macroniste Constance Le Grip. Tous marchent aux côtés de proches des otages encore retenus par le Hamas à Gaza. «Pour moi, cette marche est différente. Je palpite», reconnaît, très émue, Ruth Amiel, la tante d’Elkana Bohbot, l’un des 47 hommes encore captifs. Très optimiste, elle est sûre que cette fois-ci, «ça peut enfin aboutir». Dans l’attente interminable, elle raconte : «J’ai mon téléphone toujours avec moi. J’attends que la nouvelle tombe pour le rejoindre en Israël et le prendre, enfin, dans mes bras.»