« Leur baratin, on n’y croit plus » : à Duisburg, le voyage au bout de l’angoisse des salariés de ThyssenKrupp
Duisburg (Allemagne), envoyé spécial.
En ce matin du 20 janvier, les applaudissements parviennent à peine à couvrir les huées aux abords de l’une des entrées principales du site sidérurgique de ThyssenKrupp, à Duisburg. Les drapeaux rouges du syndicat IG Metall s’agitent. « L’acier c’est l’avenir », scandent les salariés rassemblés devant la porte 1 du géant allemand, le site de production d’acier le plus grand d’Europe avec ses quatre hauts-fourneaux, qui s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres carrés.
Tout le monde converge vers la « Mahnwache » , une installation de veille et de lutte, mise en place depuis le mois de juillet par les syndicalistes quand la direction a fait part de sa volonté d’imposer un plan de restructuration qui prévoit la disparition de deux hauts-fourneaux et de quelque 11 000 emplois sur 27 000 aujourd’hui.
« Tout cela est en train de nous glisser entre les mains »
À Duisburg, capitale de la Ruhr, les terribles menaces de désindustrialisation se mêlent étroitement aux enjeux de la campagne pour les élections anticipées au Bundestag le 23 février. La ville de 500 000 habitants est un fief du Parti social-démocrate (SPD) et le rassemblement, ce matin-là, a pris des allures de grand meeting pour le vote utile.
Le ministre SPD du travail, Hubertus Heil, les députés des deux circonscriptions de la ville, dont Bärbel Bas, qui est aussi présidente du Bundestag, ont fait le déplacement. Quelques jours plus tard, le 4 février, le chancelier, Olaf Scholz, viendra en personne prendre la parole et la pose entouré des militants syndicaux devant la Mahnwache.