Si les auteurs de la fusillade sanglante n’ont pas encore été appréhendés, l’enquête avance malgré tout. Moins de 24 heures après l’attaque à la Kalachnikov qui a fait deux morts et cinq blessés vendredi soir dans le quartier sensible des Moulins à Nice (Alpes-Maritimes), le lien avec le narcotrafic n’est plus à établir. C’est ce qui ressort ce samedi après-midi du communiqué du procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, lequel évoque des faits «d’évidence en lien avec le trafic de stupéfiants».
Mais le magistrat azuréen précise aussi qu’il y a plusieurs victimes collatérales, «les tirs ayant pu viser indistinctement les personnes présentes». Quant aux auteurs des tirs, originaires de Marseille selon une source proche du dossier, ils sont toujours activement recherchés. Leur véhicule, une Peugeot 3008 de couleur blanche, a été retrouvé calciné vendredi soir, peu avant minuit, du côté de Mougins, près de Cannes. Il s’agit d’une voiture «volée à Marseille le 30 septembre et faussement plaquée», détaille le procureur Martinelli.
Passer la publicitéAutant d’éléments qui collent bien au mode opératoire des caïds de la drogue de la cité phocéenne, habitués à semer la terreur et faire couler le sang sur fond de guerre de territoire. Très organisés et toujours plus puissants, ces réseaux cherchent à étendre leur influence, allant déstabiliser les trafics locaux, à Nice comme ailleurs sur la Côte d’Azur et en France.
Kalachnikov et 9 mm
Vendredi, l’agitation ordinaire du quartier des Moulins a été brisée par le claquement d’une série de rafales vers 21 h 10, au niveau de la place centrale des Amaryllis. Au total vingt-cinq douilles de calibre 7-62 mm correspondant au fusil d’assaut Kalachnikov et cinq douilles de calibre 9 mm ont été retrouvées sur place. «Si les assaillants ont utilisé de manière certaine un ou plusieurs fusils d’assaut Kalachnikov, à ce stade, il ne peut être précisé si les douilles de 9 mm proviennent d’une arme dont ils disposaient également ou d’un tir de riposte», explique le procureur de Nice.
Au tableau des victimes figurent deux hommes de 20 et 59 ans, déclarés morts sur place malgré l’intervention rapide des secours. Les autres, âgées de 14, 17, 23, 30 et 45 ans, ont été prises en charge sans pronostic vital engagé. Une enquête de flagrance des chefs d’«homicides en bande organisée», «tentatives d’homicide en bande organisée» et «association de malfaiteurs» a été ouverte et confiée au Service interdépartemental de police judiciaire (SIPJ 06) en co-saisine avec la Direction zonale de la police judiciaire de Marseille (DZPN 13). «De très nombreuses investigations sont en cours dans le cadre d’une très forte mobilisation de ces services sous la direction du parquet de Nice par ailleurs en contact avec le parquet de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille», conclut Damien Martinelli.