Notre critique de Natacha (presque) hôtesse de l’air, l’étoffe d’une héroïne

Notre critique de Natacha (presque) hôtesse de l’air, l’étoffe d’une héroïne

Natacha (presque) hôtesse de l’air avec Camille Lou Julien Panié /Pathé Films

CRITIQUE - Noémie Saglio transpose sur grand écran le personnage de BD créé par Walthéry en 1970. Une savoureuse comédie d’aventures satirique délicieusement anachronique.

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Attachez votre ceinture, relevez votre tablette et redressez votre siège, vous êtes sur le point d’embarquer sur la première adaptation cinématographique de Natacha, la sémillante hôtesse de l’air créée en 1970 par François Walthéry et Roland Goossens (Gos) dans Le Journal de Spirou .

Le titre, Natacha (presque) hôtesse de l’air, indique toute de suite que la réalisatrice Noémie Saglio a pris quelques libertés avec l’œuvre originale vendue à plus de 3 millions d’exemplaires. Le « presque » lui donne toute latitude pour transposer à sa guise les péripéties humoristiques de cette chevalière des airs, aventurière, vive et débrouillarde.

Exit sa coiffure choucroute héritée des sixties, adieu l’uniforme bleu de la compagnie aérienne imaginaire Bardaf, sa jupette cintrée et son petit calot réglementaire : Natacha affiche désormais une tunique vermillon du plus bel effet, le rouge étant la couleur de la femme, celle de la passion. La Natacha 2.0 incarnée avec conviction et énergie par Camille Lou annonce donc la couleur. Ses tribulations seront celles d’une jeune femme qui ne renonce jamais à ses rêves. Le père de Natacha, le dessinateur belge Walthéry, s’est déclaré ravi par cette modernisation cinématographique.

Située en 1963, l’intrigue met en scène les débuts de notre future hôtesse de l’air. Alors qu’elle embarque sur un vol vers New York dans lequel un ministre faussement jovial et véreux (Didier Bourdon) emmène La Joconde pour un prêt, le tableau est volé. N’écoutant que son courage, Natacha se lance aux trousses des voleurs avec son complice et faire-valoir Walter, le steward, joué avec une irrésistible veulerie par Vincent Dedienne.

Isabelle Adjani mémorable

Les rebondissements sont légion, et les anachronismes le fioul de cette comédie ébouriffante. On appréciera particulièrement le détournement de voix off, où Fabrice Luchini incarne un narrateur malicieux qui dialogue avec Natacha, brisant ainsi le fameux « quatrième mur » avec une espièglerie communicative. En jeune Jacques Chirac, Antoine Gouy est très drôle. Elsa Zylberstein s’amuse beaucoup en faussaire fofolle encore sous l’emprise d’un petit escroc, sans oublier Isabelle Adjani, dont l’apparition en mystérieuse et lointaine descendante de Monna Lisa restera dans les mémoires.

L’ensemble mêle les films de Philippe de Broca, tels L’Homme de Rio ou Les Tribulations d’un Chinois en Chine, et les versions revues et corrigées des aventures d’OSS 117, de Michel Hazanavicius ou Nicolas Bedos. À la moindre occasion, l’histoire tourne en dérision le patriarcat dominant et autres travers sexistes du début des années 1960. Surtout, la satire reste joyeuse et bon enfant, faisant de notre charmante hôtesse de l’air le pendant féminin jubilatoire de ce cher Hubert Bonisseur de La Bath. Un sacré « coup de polish » à Natacha !

La note du Figaro : 3/4