Soudan: le bombardement d'un marché, imputé aux paramilitaires, fait plus de 50 morts

Plus de 50 personnes ont été tuées samedi dans un bombardement imputé aux paramilitaires soudanais contre un marché à Omdourman, proche banlieue de Khartoum, a appris l’AFP par une source médicale. Elle a indiqué que l'hôpital Al-Nao était débordé et avait besoin de davantage d'unités de sang et d'équipements pour soigner les blessés.

Cinquante-quatre personnes ont péri et 158 autres ont été blessées dans le bombardement, a déclaré le ministère de la Santé. Ce dernier ainsi que la source médicale ont imputé l'attaque aux Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires), en guerre contre l'armée depuis avril 2023. Les FSR, dirigées par Mohamed Hamdane Daglo, ont démenti avoir mené le bombardement.

Les victimes sont pour la plupart des femmes et des enfants

Le syndicat des médecins soudanais a indiqué que la plupart des victimes étaient des femmes et des enfants, et a appelé les infirmiers et médecins de la région à se rendre à l'hôpital pour pallier un «manque grave de personnel médical». Par ailleurs, dans le sud de la capitale, «deux civils ont été tués» et des dizaines de blessés par une frappe aérienne menée sur un secteur contrôlé par les FSR, selon le réseau local «Cellules d'intervention d'urgence», dirigé par des bénévoles.

Des témoins de l'attaque sur le marché ont déclaré à l'AFP que les tirs d'artillerie, soutenus par des drones, provenaient de l'ouest d'Omdourman, secteur encore contrôlé par les FSR.

Depuis avril 2023, le conflit entre les FSR et l'armée a fait des dizaines de milliers de morts et a déraciné plus de 12 millions de personnes. Après des mois d'impasse à Khartoum, l'armée y a lancé en janvier une offensive, et repris des bases clés, y compris son quartier général qui était assiégé par les paramilitaires depuis le début de la guerre.

Le chef des FSR a juré de chasser l’armée de la capitale

Les FSR ont été chassées de nombreux de leurs bastions, de plus en plus repoussées à la périphérie de la capitale. Vendredi, Mohamed Hamdane Daglo a juré de chasser l'armée de la capitale, reconnaissant indirectement pour la première fois des revers. «Nous les avons expulsés (de Khartoum) et nous les expulserons à nouveau», a-t-il lancé, dans une rare intervention vidéo.

Entre avril 2023 et juin 2024, 26.000 personnes ont été tuées dans la capitale selon un rapport de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, et au moins 3,6 millions de ses habitants l'ont fuie d'après l'ONU.

L'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, a aussi lancé une offensive il y a quelques semaines dans le centre du Soudan, reprenant Wad Madani, la capitale de l'État d'Al-Jazira, au sud de Khartoum.

Les FSR avaient conservé le contrôle de la route reliant Wad Madani à Khartoum mais samedi, une milice alliée à l'armée a dit avoir pris le contrôle des villes de Tamboul, Rufaa, Al-Hasaheisa et Al-Hilaliya, situées à environ 125 kilomètres au sud-est de la capitale.

Une famine dans cinq zones du pays

Ce groupe, les Forces du bouclier soudanais, est dirigé par Abou Aqla Kaykal, un ancien membre des FSR ayant fait défection. Il a été accusé d'atrocités par des groupes locaux. La famine a été déclarée dans cinq zones du pays, principalement dans la région occidentale du Darfour, ravagée par la guerre, et devrait en toucher cinq autres d'ici mai.

L'administration de l'ex-président américain Joe Biden avait sanctionné le général Burhane, accusant ses troupes d'attaquer écoles, marchés et hôpitaux et d'utiliser la privation de nourriture comme arme de guerre. Elle avait aussi imposé une mesure similaire contre M. Daglo, accusant ses forces d'avoir commis un «génocide» et pointant des «violations flagrantes des droits humains» au Darfour, où les FSR sont en position de force.