Après quatre jours de compétition, il n’y a déjà plus de Française en lice à l’Open d’Australie. Varvara Gracheva, la joueuse d’origine russe, dernière Tricolore en compétition n’a, ce jeudi, pas su saisir l’opportunité que le tableau lui offrait. Elle qui était déjà la dernière représentante tricolore à Roland-Garros (8es de finale) s’est inclinée au 2e tour de l’Open d’Australie, contre l’Allemande Eva Lys (128e mondiale), « lucky loser » qui n’avait appris que 5 minutes avant son premier match qu’elle entrait dans le tournoi et qui se voit propulsée au 3e tour.
Du conte fées au cauchemar, les Bleues (5 engagées) n’ont durant l’Open d’Australie remporté qu’un match confirmant l’érosion enregistrée depuis des mois. Si les derniers grands titres du tennis français ont été remportés par des femmes, ils datent (Mary Pierce titrée à Roland-Garros en 2000, Amélie Mauresmo couronnée à l’Open d’Australie et Wimbledon en 2006, Marion Bartoli lauréate de Wimbledon en 2013, Fed Cup 2019, Caroline Garcia victorieuse du Masters en 2022). Et la suite est préoccupante. Éclairage.
Une tête d’affiche en mal de repères
À 31 ans, Caroline Garcia a, après une coupure de plusieurs mois, retrouvé le circuit à Melbourne. Sans succès. En mal de repères, elle a, pour son premier match depuis une élimination en demi-finales à Guadalajara contre la Polonaise Magdalena Frech en septembre, pu mesurer la somme de travail, de détails, de contrôle lui manquant pour espérer rivaliser au plus haut niveau. La Lyonnaise tombée à la 67e place mondiale (l’ancienne n°4) a, sans démériter, été éliminée par la Japonaise Naomi Osaka, elle aussi lancée dans une opération reconquête.
Caroline Garcia qui a perdu sa place (anecdotique) de n°1 française se trouve face à un vaste chantier, celui de ses envies et de la réalité d’un circuit qui ne laisse que peu de place, peu de temps aux sentiments, aux atermoiements, aux ajustements. Où tout va vite, très vite. Elle assure que la coupure a été salvatrice et qu’elle a retrouvé le goût de jouer. Jusqu’où pourra-t-il la porter ? La question est cruciale pour le tennis féminin français et pour celle qui, ces dernières années, a souvent porté sur ses épaules les espoirs et vu s’abattre les critiques.
Aucune joueuse dans le Top 50
La France ne compte que 3 joueuses dans le Top 100 : Diane Parry 66e, Caroline Garcia 67e, Varvara Gracheva 69e ; et seulement 10 dans le Top 200 (le tennis français compte 10 joueurs dans le Top 100, dont 3 dans le Top 30). Comme l’Italie mais le tennis transalpin porté par Jannik Sinner et Cie peut s’appuyer sur Jasmine Paolini (finaliste à Roland-Garros et Wimbledon en 2024). En 2024, le tennis féminin français n’a remporté qu’un titre avec Loïs Boisson, à l’Open 35 de Saint-Malo, un tournoi WTA 125. Après les départs de Alizé Cornet et Pauline Parmentier, la nouvelle génération incarnée par Diane Parry (22 ans) et Clara Burel (23 ans) peine à se faire une place de choix. L’attente est considérable, l’élan absent, la confiance en berne, le mal profond. Il se lit de façon brutale et récurrente lors des grands rendez-vous comme les JO, les tournois du Grand Chelem ou la Billie Jean King Cup (ex-Fed Cup), où la france ne figure plus dans le groupe mondial).
La relève ? Chez les juniors, si l’Australie et les États-Unis dominent, la première Française, la prometteuse Ksenia Efremova (15 ans) pointe à la 31e place (déjà à la 840e place au classement WTA). Curiosité régulière du Tournoi des Petits As, étiquetée prodige du tennis français, la joueuse naturalisée française en 2023 a, après avoir fréquenté l’académie Mouratoglou depuis 2019, récemment choisi de s’entraîner à l’Elite Tennis Center à Cannes (où sont passés Daniil Medevedev, Alexandre Müller ou Mirra Andreeva). Pour étoffer son bagage, s’élever à la hauteur de son ambition. Le tennis français la regarde et l’attend. Avec impatience.
Une base moins solide
La photographie du tennis français est claire : « Aujourd’hui, on a 30% de licenciées », rappelle Gilles Moretton, le président de la Fédération. La domination masculine se répercute naturellement sur l’élite. Difficile donc, à court terme de viser les sommets (ceux atteints par Amélie Mauresmo n°1 mondiale, la seule du tennis français durant l’ère Open, lauréate de l’Open d’Australie et de Wimbledon en 2006, du Masters en 2005 et de Mary Pierce victorieuse de l’Open d’Australie 1995 et de Roland-Garros 2000). Inspirer, détecter, accompagner, le défi est immense. « On a des bonnes joueuses. Je pense que Clara (Burel, 103e) et Diane ont le potentiel d’être dans les 20 (meilleures). Soyons prudents, ne nous emballons pas quand ils (les joueurs français) ont gagné un match et ne les détruisons pas quand ils ont perdu. C’est la vie (…) On doit permettre au plus grand nombre de jouer au tennis, c’est ce qu’on a commencé à faire et je pense qu’on en récoltera les fruits plus tard », a résumé à l’AFP le président de la FFT.