Neutralité carbone en 2050 : la Commission européenne propose de réduire de 90% des émissions en 2040, mais ne fait pas l'unanimité
Si l'objectif "zéro gaz à effet de serre" à l’horizon 2050 reste une priorité au sein de l'Union européenne, le chemin pour y arriver fait débat. La Commission propose d’introduire un nouveau jalon dès 2040, où il faudra déjà avoir réduit les émissions de 90% par rapport à 1990, avec des "flexibilités" pour les Etats membres. Peut-être en prenant en compte l'achat de crédits carbone internationaux et le financement de projets vertueux en dehors de l'Europe.
Cette proposition pour atteindre la neutralité carbone est loin de faire l'unanimité parmi les dirigeants européens. Tout en se défendant de détricoter son Pacte vert, la Commission européenne cherche à introduire plus de souplesse dans la manière d’atteindre ses objectifs climatiques. -55% d’émissions de gaz à effet de serre en 2030, -100% en 2050. Et entre les deux, ce fameux jalon à -90% en 2040, qui suscite encore des réserves.
Réserves chez les plus conservateurs
Les gouvernements européens les plus à droite, notamment, trouvent cet objectif trop ambitieux. Certains Etats critiquent ouvertement les ambitions climatiques de l'Europe comme la Hongrie du nationaliste Viktor Orbán ou la République tchèque, qui défend son industrie lourde. L'Italie de Giorgia Meloni suggère quant à elle de s'en tenir à une baisse des émissions de 80 ou 85% en 2040.
En France, Emmanuel Macron se montre plus nuancé mais très sceptique sur la méthode et le calendrier proposé par la Commission européenne. "Je suis favorable à avoir ces objectifs en 2040", dit-il, mais selon lui, le débat n’est pas encore assez mûr sur cet objectif intermédiaire.
"Un débat démocratique à 27"
Le président français estime par ailleurs que ces discussions ne doivent pas être menées "en catimini". "Ça ne peut pas être un débat technique fait en quelques semaines. Ça doit être un débat démocratique à 27. Dans deux ans, je ne serai plus en responsabilité dans mon pays. Mais je serai inconscient de laisser à mon successeur une situation qui aurait été débattue hors du cadre des 27. Ce n'est pas sérieux", assène-t-il.
Le débat devrait donc se prolonger sur la base des propositions présentées par la Commission européenne mercredi 2 juillet. Un débat environnemental, mais également énergétique pour la France qui pousse toujours en faveur de son nucléaire décarboné. Sans oublier l'aspect commercial : il ne s’agirait pas d’importer en 2040 des marchandises plus carbonées, que ce que l’Union européenne autorise à fabriquer sur son propre sol.