COUPS DE CŒUR
Ollivon, une réaction de patron
Il avait été «déclassé» en début de tournée, il l’a conclu de manière éclatante. Charles Ollivon n’avait pas été retenu pour affronter le Japon, il avait ensuite été remplaçant face à la Nouvelle-Zélande, avant, pour ce dernier de la tournée automnale, de retrouver une place de titulaire face à l’Argentine. Un retour au poste de… numéro 8 à la place de Grégory Alldritt, auteur de deux sorties décevantes. Et le troisième-ligne du RC Toulon a répondu ce vendredi de la meilleure des façons : un match plein, que ce soit en attaque ou en défense, où il s’est démultiplié (19 plaquages, meilleur total du match). Une réaction de patron pour celui qui était le premier capitaine de l’ère Galthié. Sûrement piqué au vif d’avoir été mis de côté début novembre, Charles Ollivon - l’avant ayant marqué le plus d’essais dans l’histoire du XV de France (16) - a prouvé qu’il reste un élément phare du pack tricolore. Lors de la prochaine Coupe du monde en 2027, il aura 34 ans. La relève pousse, les talents ne manquent pas et la concurrence est féroce en troisième ligne. Mais le «Grand Charles» n’a pas dit son dernier mot.
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Efficacité maximale pour les Bleus
Face au Japon, les Bleus n’avaient que trop peu d’adversité. Ils ont tout de même retrouvé des garanties dans le secteur offensif avec huit essais inscrits. Face à la Nouvelle-Zélande, Dupont et les siens en ont planté trois de plus, face à une défense pourtant plus solide et agressive. Enfin face à l’Argentine, les joueurs de Galthié en ont collé quatre. Efficacité maximale. Surtout dans les zones de marque, où les Bleus se sont montrés ultra-réalistes, grâce, aussi, à des derniers gestes justes. Malgré un jeu parfois brouillon et moins d’essais en première main, le XV de France pourra s’appuyer sur cette efficacité avant d’aborder le prochain Tournoi des six nations.
Un sans-faute pour terminer 2024 avec le sourire
Comme en 2021 (Nouvelle-Zélande, Géorgie, Argentine) et 2022 (Japon, Afrique du Sur, Australie), le XV de France boucle son année par un sans-faute lors de sa tournée d’automne. Pas neutre quand l’Angleterre ne cesse de perdre, le pays de Galles enchaîne les défaites, l’Ecosse alterne le bon et le moins bon et l’Irlande semble de plus en plus poussive. Trois victoires qui permettent à Fabien Galthié de terminer l’année sur un bilan largement positif : 8 succès, 2 défaites (à Marseille contre l’Irlande et en Argentine) et 1 nul contre l’Italie à Lyon. Le sélectionneur a insisté sur ce point : le ratio se maintient à 80% de victoires. Un peu moins en fait (72%) mais ça reste bon pour le moral. Et prometteur pour le Tournoi à venir ?
COUPS DE GRIFFE
Touches et mêlées, une assise à retrouver
À nouveau trois lancers en touche égarés - autant que contre la Nouvelle-Zélande -, une mêlée fermée chahutée à quelques reprises (le pilier rochelais Colombe, entré au relais d’Atonio, a été sanctionné à deux reprises dans ce secteur). La copie dans les phases statiques de conquête est entachée de fautes. Des ratures auxquelles le pack tricolore ne nous avait pas habitués. William Servat et Laurent Sempéré, en charge des avants, ont deux mois, jusqu’au prochain rassemblement des Bleus, pour trouver la parade, solidifier la tenue de la première ligne et fluidifier l’alignement. Pour que les avants redeviennent pleinement conquérants.
Des blessés, encore des blessés
Trois victoires mais aussi de la casse. L’ailier Théo Attissogbe a laissé des plumes face au Japon, victime d’une entorse à un genou. Touché à la crête iliaque dans ce même match, Flament a pu reprendre le week-end suivant. Oui, mais... Face aux All Blacks, le pilier Tevita Tatafu a dû céder sa place dès la 10e minute, probablement touché au ligament d’une cheville. Même chose pour Romain Taofifenua, commotionné et dont la tournée s’est arrêtée prématurément. Lors du dernier match face aux Pumas, la malchance a continué puisque Paul Boudehent est sorti à la pause (visiblement touché à une épaule) et n’est pas revenu sur la pelouse après que Gros ne soit touché à un genou sur un vilain déblayage dès la 3e minute. L’enchaînement des matches, l’intensité des rendez-vous internationaux et un brin de malchance n’aident pas. Mais ces blessures sont l’un des points noirs de cette tournée automnale.
Des Argentins sur les rotules
Les Bleus étaient sur leurs gardes au moment de défier leurs «cousins latins» qui venaient d’enchaîner les performances de premier plan en Rugby Championship (une victoire contre chacun des trois gros du Sud) et qui étaient passés tout près d’un exploit en Irlande (22-19). Mais ce vendredi, les Pumas ont manqué de tranchant et d’efficacité. Ils ont cruellement manqué de gaz et sont apparus à bout de souffle. Sur les rotules. Ils ont laissé des forces face aux Irlandais mais, le plus criant est qu’ils sortent d’une saison marathon entamée, sur la scène internationale, il y a six mois ! Pour ce dernier match, la marche était trop haute, les Bleus trop en place. «Malgré tout, les joueurs ont fait une très belle seconde mi-temps et ont relevé la tête. On a poussé le curseur d’intensité», a tenu à saluer le sélectionneur argentin Felipe Contepomi. Toutefois, pour une bonne partie de ces Pumas, la saison est loin d’être finie. Elle ne fait même que commencer puisque 10 des 23 joueurs alignés ce vendredi évoluent dans le Top 14. Il va leur falloir se régénérer et trouver un second souffle. Dans ce calendrier tout bonnement hallucinant.