« Ce que le président veut, Dieu le veut », Stéphane Bern fustige l’ingérence d’Emmanuel Macron pour les vitraux de Notre-Dame

«Je pense qu’on n’est pas près de voir ces vitraux. Et puis 4 millions d’euros, est-ce que la France les a maintenant ? », questionne Stéphane Bern dans un entretien à Ouest-France, publié le 28 décembre. L’annonce de l’artiste choisi pour concevoir les nouveaux vitraux de Notre-Dame ravive les débats autour de la modernisation et la fidélité au patrimoine historique du monument. L’animateur et défenseur du patrimoine dénonce l’intervention présidentielle arbitraire dans ce projet, qu’il perçoit comme une infraction aux règles de préservation du patrimoine.

« Je n’ai rien ni contre Claire Tabouret ni contre les vitraux contemporains. Il y en a à la cathédrale de Chartres et j’ai participé à la collecte. Mais je leur suis favorable quand les anciens sont détruits ou détériorés. On ne peut pas enlever des vitraux classés Monument historique », souligne Stéphane Bern. L’artiste de 43 ans, est chargée de créer six grandes baies dans les chapelles sud de la cathédrale Notre-Dame de Paris. « Depuis 2015 et 2016, je me bats pour qu’on sauve ses pinacles, ses arcs-boutants. On va les refaire ainsi que tous les contreforts de la voûte. On va s’occuper de l’extérieur et du parvis. Je plaide pour un musée de l’œuvre, déjà préfiguré par Charles Personnaz, pour raconter les coulisses, les œuvres, ou exposer le coq miraculeusement retrouvé. L’argent serait mieux utilisé ainsi que dans des vitraux contemporains à la place de ceux de Viollet-Le-Duc. Mais bon, c’est un souhait du président. Donc ce que le président veut, Dieu le veut, j’ai l’impression ! »

« Pourquoi l’État s’affranchit-il des règles qu’il impose aux autres ? », questionne l’animateur. « Juste parce que le Président le veut ? La Commission nationale du patrimoine et de l’architecture a voté unanimement contre. S’opposer à cela, avec l’aval de la ministre de la Culture, ça veut dire qu’il y aura des recours. » En décembre 2023, Didier Rykner, directeur de La Tribune de l’Art, a lancé une pétition pour la conservation à Notre-Dame des vitraux de Viollet-le-Duc. Elle enregistre plus de 250 000 signataires.

« Au fond, ils ne sont pas contre le fait que les gens payent, mais contre le fait que les gens payent à l’État. »

Stéphane Bern à Ouest France.

Stéphane Bern est également revenu sur le souhait de Rachida Dati, dévoilé dans Le Figaro , de rendre l’entrée de Notre-Dame payante. S’il s’était montré favorable à cette idée, il revient finalement sur sa position : « je considère que toute personne qui veut entrer dans Notre-Dame, doit le pouvoir  (...) Vous savez ce que l’Église m’a avoué ? Au fond, ils ne sont pas contre le fait que les gens payent, mais contre le fait que les gens payent à l’État. Autre exemple : qui va bénéficier des revenus des boutiques ? C’est l’Église. J’espère qu’elle reversera quelque chose à l’État, qui est propriétaire de la cathédrale. Car l’État, c’est nous. »

Depuis sept ans, le présentateur de « Secrets d’histoire » a lancé le loto du patrimoine, qui contribue à la sauvegarde de monuments français en danger. Depuis son lancement, il a permis d’aider 950 sites en mobilisant plus de 280 millions d’euros. Il propose désormais de « mettre à plat toutes les dérogations qui existent sur les financements. On trouve 850 millions pour Notre-Dame de Paris, et je ne trouve pas les 85 premiers euros pour n’importe quelle petite église de campagne, alors qu’elles s’effondrent les unes après les autres. Est-ce normal alors qu’elles sont aussi anciennes que Notre-Dame ? On s’arc-boute sur la loi de 1905, mais personne ne la respecte », fustige-t-il.