Top 14 : ambiance survoltée, chants, fierté basque... Jean-Dauger, ce seizième homme qui porte l’Aviron Bayonnais
Un hymne, tout d’abord. Unique, connu dans le monde entier. Quand le Vino Griego retentit, repris à pleins poumons par les supporters de l’Aviron Bayonnais, le ton est donné. Bienvenue dans l’une des enceintes du Top 14 les plus bouillantes, les plus volcaniques. Un soutien sans faille - avec un 37e guichets fermés d’affilée - qui va, une nouvelle fois, pousser derrière les Basques qui disputent, vendredi soir, leur premier match de phase finale dans l’élite depuis 1992 (victoires contre Pau en 16e de finale et Narbonne en 8e, défaite contre Biarritz en quarts).
«Il y a de la joie, forcément. Je pense que personne ne s’attendait à ce qu’on le fasse cette saison. C’est l’accomplissement de toute une saison, de tout le travail qui a été fait depuis le début, savourait l’ouvreur Joris Segonds après la qualification. Et là, c’est que de la joie. Mais ça serait dommage de se relâcher pour ce barrage. Les vacances, ça sera plus tard, tant mieux.»
Cette année, nous sommes invaincus à domicile. On a notre savoir-faire, on sait comment préparer ce style de match
Grégory Patat
Les Clermontois savent ce qui les attend à Bayonne. Ce qu’a reconnu le manager auvergnat Christophe Urios dans Midi Olympique, interrogé sur la ferveur basque : «Vous voulez vraiment que je vous le dise ? Le public évidemment. Ce club s’est construit là-dessus, les supporters portent les Bayonnais. Cela leur met une responsabilité sur l’agressivité et le combat. En tous les cas, ce n’est pas un endroit où il est facile de gagner.»
Cette saison, l’Aviron est invaincu à Jean-Dauger, seule équipe du Top 14 dans ce cas, le RC Toulon ayant été battu par Toulouse lors d’une délocalisation au Vélodrome de Marseille. Souvent galvaudé, le terme de «forteresse imprenable» prend ici tout son sens. En conférence de presse, l’entraîneur Grégory Patat a mis en garde, dans des propos rapportés par Rugbyrama : «Je n’aime pas trop regarder dans le passé. Les chiffres parlent pour nous, nous n’avons perdu que deux matchs à Jean-Dauger (Bordeaux et Castres, NDLR) depuis que je suis là (en 2022). Cette année, nous sommes invaincus à domicile, mais il faudra mettre les ingrédients par rapport au match qui arrive. On a notre savoir-faire, on sait comment préparer ce style de match.»
Fin avril 2024, l’UBB de Yannick Bru était venu s’imposer à Jean-Dauger (15-34) mettant fin à une incroyable série de 28 victoires d’affilée, sur plus de deux ans , qui avait débuté après le 21 janvier 2022 et un court revers, en Pro D2, face à Grenoble (35-37). Cette saison, Jean-Dauger est redevenu un terrain hostile et Bayonne une destination où l’on repart les valises lourdes. Les Bayonnais reconnaissent l’apport de leur seizième homme. «Qu’on le veuille ou non, un stade plein, un public qui pousse tous les week-ends, ça te donne le pourcentage supplémentaire pour gagner. Quand tu as un public chaud, tu sais que les mecs ne vont pas lâcher, avait reconnu Baptiste Chouzenoux dans Sud Ouest. Ils enchaînent les bonnes actions, c’est un engrenage et c’est difficile de retourner la situation pour l’adversaire.»
Il y a un public imposant, voire écrasant pour l’adversaire. L’Aviron puise sa force là-dedans
Rémi Bourdeau
Et d’ajouter sur la pression exercée par ce bouillant public : «Le but, quand tu arrives dans ce genre de stade, c’est d’éteindre rapidement le public mais c’est difficile à faire. C’est humain. Si 15.000 personnes voient une faute et que t’es le seul à ne pas la voir... Inconsciemment, ça doit jouer.» Son coéquipier Rémi Bourdeau souligne, toujours dans Sud Ouest, que «tous ces chants avant, pendant et après le match, c’est impressionnant pour l’adversaire et galvanisant pour l’Aviron. Il y a un public imposant, voire écrasant pour l’adversaire. L’Aviron puise sa force là-dedans. Et l’adversaire peut perdre un peu ses moyens. Après chaque fait litigieux, le public va huer ou faire une bronca. Ça peut aussi influencer ses décisions...»
«Une baisse générale de l’ambiance et de l’engouement dans le stade.»
Et pourtant, l’ambiance serait moins bouillante que par le passé à Jean-Dauger. Début février, cinq associations de supporters de l’Aviron (Pena Baiona, les Gars de l’Aviron, Ttikikop, Kop AB, BOC) avaient publié un communiqué commun pour déplorer «une baisse générale de l’ambiance et de l’engouement dans le stade.» Ajoutant : «Nous reconnaissons que nous avons également notre part de responsabilité dans cette situation. C’est pourquoi nous nous engageons à lancer plus de chants, à motiver tout le monde et à faire tout notre possible pour recréer une ambiance à la hauteur de la réputation de Jean-Dauger.»
Plus feutrée, moins hostile, regrettent les «anciens» ? L’enceinte bayonnaise s’apprête en tout cas à vibrer ce vendredi soir. L’entraîneur Grégory Patat s’attend à un grand rendez-vous : «L’atmosphère est incroyable à Bayonne. On sait que ce match va être entouré de passion et d’émotions. Pour nous, il est important de rester concentrés sur le match lui-même et de garder nos routines. Les émotions, on les mettra de côté pendant la préparation. Le but est d’arriver sur le terrain à 21 heures avec le maximum de certitudes et de connexions entre les joueurs.» Pour écrire l’histoire du club fondé en 1906.