Présidence des Républicains : Laurent Wauquiez dévoile son équipe et sa stratégie
L’image a été captée symboliquement ce mardi devant le siège des Républicains : Laurent Wauquiez, candidat à la présidence du parti LR, entouré des trois personnalités politiques formant l’état-major de sa campagne : Florence Portelli, maire de Taverny (Val d’Oise), Nicolas Daragon, ex-ministre délégué chargé de la sécurité intérieure et maire de Valence (Drôme) et Geoffroy Didier, président délégué à la région Île-de-France. Le trio de coordonnateurs travaille collectivement sur la validation des messages, l’organisation des déplacements et les opérations militantes. Il participe également aux réunions hebdomadaires organisées par le candidat avec d’autres soutiens actifs, tels Christian Jacob (ex-député et président des LR), les députés Fabien Di Filippo (Moselle), Ian Boucard (Territoire de Belfort) et Jean-Didier Berger (Hauts-de-Seine), le sénateur Laurent Duplomb (Haute-Loire), la députée européenne Isabelle Le Calennec et le maire de l’Haÿ-les-Roses (Val de Marne), Vincent Jeanbrun.
Deux messages principaux sont placés entre les mains des équipes : la proximité et le renouvellement. Avec 120 déplacements programmés jusqu’en mai, Laurent Wauquiez mise sur le «quantitatif» mais aussi sur le «qualitatif». «Le candidat ne va pas dans une fédération pour faire un discours et repartir. Chaque fois, après son intervention, il se met à la disposition des gens qui veulent lui parler durant une heure, chaque adhérent qui veut échanger avec lui doit pouvoir le faire», promet-on. Pour le député, le parti LR n’est plus un parti de masse mais une famille politique, une «communauté» soudée par 12 années d’épreuves et de divisions. D’où la volonté d’approcher les adhérents le plus souvent possible, comme il l’a fait Laurent Wauquiez récemment en sanctuarisant deux journées pleines pour passer personnellement «près de 500 appels téléphoniques», alors que l’équipe d’une dizaine d’élus en charge du phoning doit s’étoffer d’une quinzaine de soutiens supplémentaires. Au final, plusieurs milliers d’appels et autant de contacts directs sont prévus, avec des meetings d’élus déterminés en fonction de l’implantation géographique des militants. Exemple dans le Gard où l’on souhaite que le projet de Laurent Wauquiez soit autant entendu à Alès qu’à Nîmes.
Concernant le «renouvellement», le chef de la droite parlementaire à l’Assemblée s’engage à «faire émerger» une nouvelle génération d’élus «qui a faim et qui veut prendre ses responsabilités». Une visioconférence avec les Jeunes LR doit se tenir prochainement et le candidat participera à leur campus prévu les 22 et 23 mars en terre séguiniste, à Épinal dans les Vosges. Pas certains que Wauquiez et Retailleau s’y retrouvent au même moment… «Ce n’est pas avec des Copé et des Bertrand qu’on va écrire une nouvelle page pour la droite», ironise un wauquieziste, alors que le maire de Meaux et le président de la région Hauts-de-France ont apporté leur soutien au ministre de l’Intérieur. Mais chez Wauquiez, on minimise l’impact des ralliements de ténors derrière le ministre car l’on veut croire que les électeurs seront plus sensibles aux «avancées» proposées par les candidats qu’aux «logiques des règlements de compte».
«50 adhérents en Lozère c’est aussi important que 500 à Paris»
La campagne Wauquiez est organisée en différents pôles (relations avec les élus et les cadres, communication et réseaux sociaux, déplacements, action militante…) mais après le 18 mars, une fois l’étape des parrainages franchie, on anticipe un second temps. La capacité à réunir 1% des adhérents et 5% des parlementaires LR ne suscite aucune crainte dans les écuries mais ensuite, les partisans de Wauquiez estiment que la bataille des «convictions» se jouera sur le «noyau dur» des militants. En ce début de campagne, ils ne pensent pas que la mobilisation sera plus importante qu’en décembre 2022, lors du dernier scrutin interne. «Les premières remontées laissent penser que la participation pourrait même être inférieure. C’est peut-être la conséquence de la désaffection connue des Français pour les partis. Mais le récit de Beauvau annonçant des hordes d’adhérents est grotesque. C’est une fable», critique l’entourage de Wauquiez, qui met en garde face à une perception guidée par «le prisme parisien». «Rien ne vaut la proximité. 50 adhérents en Lozère c’est aussi important que 500 à Paris» assure-t-on.
Les chaînes de télé auraient manifesté un intérêt pour l’organisation de duels ou de formats spéciaux, dans la dernière ligne droite. «Nous sommes partants mais tout cela dépend de la bonne volonté des deux candidats et pour l’instant, il n’y a pas d’accord de Bruno Retailleau», indique l’entourage de Laurent Wauquiez. On sait que le ministre de l’Intérieur préfère éviter les débats directs pour protéger LR d’une «guerre des chefs», qu’il juge préjudiciable à l’unité.
Les soutiens de Laurent Wauquiez reconnaissent l’avantage de la forte exposition médiatique du ministre dictée par l’actualité, d’autant que ses apparitions ne sont pas déduites du temps de parole accordé aux candidats dans le cadre de la campagne interne. Mais là encore, ils préfèrent analyser cette différence comme une fragilité potentielle, surtout si le rival de Beauvau est perçu comme un membre du gouvernement «tenu par la solidarité gouvernementale», quand l’enjeu du scrutin devrait porter, selon eux, sur «la liberté et l’indépendance» de la présidence LR.
Les militants en décideront mais en attendant le 17 mai, Laurent Wauquiez appréhende une compétition de «longue haleine» et promet d’aller chercher les électeurs «un à un», comme un marathonien aborde chaque kilomètre. D’ailleurs, en parallèle, le candidat prépare sa première participation au 48e Marathon de Paris (13 avril), en enchaînant des courses de deux heures entre chaque meeting. Les soutiens du sportif, eux aussi, sont à fond. «Laurent, c’est une bête de campagne. Il est fait pour ça. Il s’est toujours confronté aux suffrages directs et cette élection ressemble un peu à une méga cantonale. Au fond, c’est probablement ce qu’il préfère dans la politique».