"Abrogation ou référendum" : les députés enjoignent le gouvernement à tenir compte du vote de l'Assemblée sur l'abrogation de la réforme des retraites
La réforme des retraites finira-t-elle par être abrogée ? L'Assemblée nationale a voté jeudi 5 juin une résolution défendue par le groupe des députés communistes demandant expressément la suppression de la réforme Borne de 2023. Ce texte, adopté par 198 voix contre 35, avec celles de la gauche, du Rassemblement national et d'une partie du groupe centriste Liot, n'est pas une loi et ne contraint absolument pas le gouvernement. Sa portée est donc avant tout symbolique.
À l'Assemblée, les députés de gauche, revanchards, se sont levés à l'annonce des résultats, mais derrière ces applaudissements, la victoire est effectivement symbolique, car le vote de cette résolution ne change rien : pas d'abrogation, pas de modification de la loi et donc pas de retour à la retraite à 60 ou 62 ans. "Nous ne renoncerons jamais à revenir sur cette réforme injuste et injustifiée et à rétablir le droit à la retraite à 60 ans", a lancé l'insoumise Mathilde Panot. Dans la lancée des saillies et coups d'éclats, le député François Ruffin embraye. "Des 49.3, de l'obstruction, des conclaves… Vous biaisez, vous fuyez, vous enfumez, lance-t-il. Vous êtes le gouvernement de l'enlisement, vous enlisez le pays, vous enlisez la démocratie."
Cette résolution portée par le groupe communiste a été votée avec le soutien du Rassemblement national, même si le député RN Teo Bernhardt moque une simple pétition de principe de la gauche. "Vos larmes de crocodiles ne tromperont plus personne. Les Français ne sont pas dupes. Ils vous ont vu à l'œuvre, reniant vos engagements pour courir derrière vos nouveaux totems que sont le communautarisme, l'islamisme et l'antisémitisme", a-t-il déclaré.
Nouvelle menace de censure
"Bien triste tableau", se désole à la tribune la ministre du Travail Astrid-Panosyan. "Le débat aura-t-il avancé d'un centimètre ? La réponse est clairement non, argue-t-elle. Les partisans de l'impossible retour en arrière auront simplement pu se compter." Mais à la sortie de l'hémicycle, la gauche savoure son coup de pression. Alors que le conclave sur les retraites se termine le 17 juin, le président des députés communistes, Stéphane Peu, compte pourtant bel et bien faire fructifier ce vote et menace. "Il serait incroyable et antidémocratique que le gouvernement et le président de la République ne tiennent pas compte du premier vote de l'Assemblée nationale. Nous lui avons suggéré deux hypothèses : abrogation ou référendum."
"Si aucune des deux n'est empruntée par le gouvernement, le président de la République, alors nous en tirerons les conséquences en déposant une motion de censure."
Stéphane Peuà franceinfo
Un avertissement lancé au Premier ministre François Bayrou qui avait évité en janvier la censure des députés socialistes en rouvrant le chantier et promettant un débat au Parlement sur un éventuel accord entre les partenaires sociaux.