Aux récentes Olympiades d’échecs 2024 le champion du monde Chinois n’a gagné aucune partie pendant que Dommaraju Gukesh remportait une médaille d’or au premier échiquier de l’équipe indienne... C’est dire quel est l’état de forme psychologique des deux champions qui s’affrontent pour le titre de champion de monde du 25 novembre au 15 décembre à Singapour.
Premier Chinois champion du monde d’échecs de l’histoire depuis sa victoire en avril 2023, Ding Liren, 32 ans, a finalement régné plus que discrètement sur le monde des échecs. D’abord parce qu’il est resté dans l’ombre de Magnus Carlsen. Le Norvégien, sans doute le seul joueur d’échecs reconnu un peu partout dans le monde, a été champion du monde dix ans de suite à partir de 2013. L’an dernier, il a lâché son titre surtout par lassitude liée au format de la compétition (14 parties longues pour l’édition 2024 qui peuvent durer six heures qui s’enchaînent pendant près de trois semaines de compétition.)
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Mais Magnus Carlsen a continué sur le circuit mondial et demeure de loin le meilleur joueur en activité. Il est premier au classement mondial par points Elo, quand Ding Liren, numéro 2 mondial en 2022, a chuté au-delà de la 20e place. Car après son sacre, à l’issue d’un retour post-Covid qui a surpris tous les amateurs d’échecs, Ding Liren a d’abord très peu joué, avec une pause de plusieurs mois, parlant de fatigue mentale et de dépression. Et quand il a repris, il a peiné à retrouver son niveau de jeu, et n’a désormais plus gagné une partie en format long depuis janvier, ce qui représente 28 parties. Lui-même a reconnu avoir peur de «perdre très largement» face à Gukesh, dans un podcast publié début novembre pour la chaîne Youtube Take Take Take.
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Le jeune Indien Gukesh, 18 ans, arrive à l’inverse en pleine forme. Plus jeune joueur du Top 50 mondial, sa progression a été très rapide. Déjà le plus jeune grand maître indien de l’histoire à 12 ans, 7 mois et 17 jours, il a confirmé les espoirs et a battu pour la première fois Magnus Carlsen en 2022. Qualifié dans le Tournoi des Candidats en tant que joueur doté des meilleures performances sur le circuit mondial en 2023, sans avoir réussi à décrocher son billet via des compétitions spécifiques, il a réussi à terminer premier, devant l’Américain Fabiano Caruana et le Russe Ian Nepomniachtchi, prétendant malheureux lors des deux derniers matches pour le titre.
Il a continué à bien jouer, comme lors des Olympiades d’échecs qu’il a remportées avec son pays, l’Inde.
Mais s’il apparaît favori sur les 64 cases, ce qui lui permettrait de devenir le plus jeune champion du monde, rien n’est fait pour Gukesh: le championnat du monde des échecs comporte aussi une forte dimension mentale qui peut jouer des tours même aux joueurs les mieux préparés. «Lors de mon premier match de championnat du monde, j’étais très nerveux», a rappelé Ding Liren samedi lors de la conférence de presse d’ouverture du duel, avec un ton plus combatif. «Cette fois-ci, je me sens en paix et j’ai beaucoup d’énergie», a-t-il assuré. Lors de son duel avec Ian Nepomniachtchi, il était plusieurs fois parvenu prendre sa revanche très vite pour recoller au score après avoir perdu une partie, avant de remporter le championnat lors des tie-breaks. En cas d’égalité à l’issue des 14 parties, les joueurs se départageront en jouant des parties avec des cadences plus rapides. De son côté, Gukesh a reconnu «un peu de nervosité». «Mais je me sens bien et j’ai hâte de commencer à jouer. Je ne pense qu’à donner le meilleur de moi-même et à voir ce qui se passera», a-t-il assuré.